Si tout le monde s’accorde sur le fait que Nadal a dominé Anderson de la tête et des épaules lors de cette finale de l’US OPEN 2017, on est en droit de se poser la question du Pourquoi, concrètement, l’espagnol s’est imposé. Cet excellent article signé Fabrice Sbarro vous démontre que Rafael Nadal a pu soulever le trophée grâce à, dans l’ordre : son efficacité en revers, sa régularité en coup droit et …sa réussite au filet.
Fabrice Sbarro est un entraineur de tennis Suisse qui coache depuis plus de 15 ans des joueurs au niveau national et international (ATP/WTA/ITF Junior). Devenu expert en analyse statistique, il a d’abord créé avec son associé Patrick Thomet une méthode d’entrainement appelé STM (Sbarro-Thomet-Méthodologie ou Stats Methodology) qui s’applique aux petits clubs de tennis recherchant des solutions pratiques pour développer leur école de tennis.
Peu après, il a fondé la structure STC (Stats Coaching) dont le but est de permettre aux joueur et joueuses pro d’atteindre leur potentiel tennistique grâce à des optimisations statistiques et une équipe formée sur mesure. (exemple avec Conny Perrin passé de la 244e à la 182e place WTA début 2017).
Ayant commencé à analyser des matchs professionnels avec son propre programme stats en 2007, il a archivé aujourd’hui plus d’un demi-million de points sur le circuit pro. Le site www.tennisprofiler.com, qui est encore en développement en ce moment, est son dernier projet. Ce site est la synthèse de ses dix années de travail d’analyse du circuit ATP/WTA. Grâce aux résultats de sa base de donnée, tous les joueurs et joueuses du top 100 seront comparés entre eux et expliqués en détail.
L’efficacité globale en revers de Nadal (première clef du match)
C’est en revers que Nadal a fait principalement la différence face à Anderson lors de cette finale de l’US Open. Plusieurs facteurs expliquent cet avantage.
Bien qu’Anderson ai pris le plus souvent des risques en revers, Nadal est parvenu à faire au final plus de points avec ce coup que lui (13 contre 10). C’est principalement en contre (5), passing (4) et même amortie (2) que l’Espagnol a gagné des points en revers.
Ensuite, Nadal a fait 12 fautes directes de moins avec le revers (2 contre 14) que son adversaire. Anderson a fait des erreurs car il prenait des risques mais aussi à cause du coup droit croisé d’usure de Nadal sur son revers. Au final, Nadal prend un avantage de 15 points avec le revers et ce coup qui explique sa victoire à 48%.
La remise en coup droit de Nadal (deuxième clef du match)
C’est ensuite en coup droit que Nadal a dominé Anderson. Mais cette fois-ci, l’Espagnol n’a pas gagné plus de points que son adversaire avec ce coup (14 contre 16).
Le Sud-Africain est souvent parvenu à prendre l’ascendant lors des rallyes de fond de court avec son coup droit, notamment en suivant ce coup au filet ; 56% des coups droits gagnants d’Anderson ont été suivi à la volée.
Si Nadal a battu Anderson en coup droit lors de cette finale, c’est à cause du nombre de fautes directes : 5 pour Nadal contre 18 pour Anderson. Le Sud-Africain a dû forcer en fond de court pour déborder Nadal alors que ce dernier, avec ces coups très liftés, profitait d’une bonne marge par rapport au filet.
Un autre facteur qui a aidé Nadal à prendre un avantage en coup droit est son revers slicé souvent joué sur le coup droit d’Anderson. En effet, quand l’Espagnol a joué un revers slicé dans ce match, il a gagné 71% des points. Au final, Nadal prend un avantage de 11 points avec le coup droit et ce coup explique sa victoire à 35%
L’échec des offensives au filet d’Anderson (troisième clef du match)
Cela faisait partie du plan de jeu d’Anderson que de venir agresser Nadal à la volée. C’est d’ailleurs une stratégie que le Sud-Africain emploie souvent. Cependant, Anderson a gagné seulement 52% de ses montées à la volée (22 sur 42) alors que Nadal a obtenu un chiffre imbattable : 100% (15 sur 15).
En termes de points/erreurs avec la volée, Anderson a obtenu un score de 0 (6 points pour 6 fautes) et Nadal 5 (5 points pour 0 faute). Au final, l’Espagnol prend un avantage de 5 points avec la volée et ceci explique sa victoire à 17%
Le match expliqué par la longueur des échanges
• Entre une et deux frappes (1/2), Anderson domine Nadal grâce à la qualité de son service (+8). On note toutefois que Nadal a pris un avantage d’un point grâce à l’efficacité directe de son retour (+1).
• Entre 3 et 8 frappes (3/4 & 5/8), Nadal a complètement dominé Anderson avec son revers, son coup droit et également sa volée. Au total, il gagne 66% des rallyes entre 3 et 8 frappes.
• Seulement 8% des rallyes ont été joué en plus de 8 frappes et Nadal n’a pris qu’un tout petit avantage d’un point.
Les chiffres du match
• 0 : Le nombre de balle de break obtenue par Anderson sur le service de Nadal.
• 79 % : Le pourcentage des points gagnés de Nadal sur son service. Anderson, quant à lui, a gagné 59% des points sur son service.
Fabrice Sbarro pour Blog Tennis Concept
Si vous avez des questions à poser à Fabrice, n’hésitez pas à les poser dans les commentaires, il se fera un plaisir de vous répondre.
le site de Fabrice
D’accord avec votre article. Après, il faut tout de même souligné que dés le début de la rencontre on savait tous que Rafa était largement supérieur à Anderson et que l’issue du match se ferait en 3 sets.
Merci Tennis en direct, l’intérêt de l’article de Fabrice est précisément de pointer le pourquoi de la très nette domination de Nadal.
Très intéressant !