La problématique de l’identité de jeu est au centre du développement de la solidité mentale, du sens tactique, de l’efficacité technique et même de la préparation physique du joueur de tennis. C’est pourquoi je suis particulièrement heureux d’accueillir, sur Blog Tennis Concept, un nouveau rédacteur : Félicien Lopez qui nous livre ici sa vision de l’identité de jeu. Dans cet article, il va évoquer les influences du plaisir, du classement, de la peur de la faute ainsi que de l’ivresse de l’attaque sur cette fameuse identité.
Félicien Lopez est un passionné de tennis qui pratique ce sport depuis l’âge de 11 ans. Compétiteur amateur régulier, ce joueur droitier évolue actuellement en milieu de 3ème série française ou son service puissant et son solide revers slicé lui permettent de sortir son épingle du jeu. Le tennis, plus qu’un jeu, est pour lui une philosophie de vie ainsi qu’un moyen d’expression de sa propre identité. Il a également joué au foot en club. Il pratique régulièrement la course à pied, le vélo et la musculation.
Défendre ou attaquer? Gagner à tout prix? bien jouer mais peut être perdre? Telles sont les questions que se posent de nombreux joueurs de tennis dans la construction de leur identité de jeu.
Le plaisir et l’ego
La notion de plaisir revient dans beaucoup d’articles et de livres sur la pratique du tennis. Le plaisir doit rester simple comme le fait de sentir la balle dans sa raquette, d’envoyer la balle vers la cible sans se poser de question, se dépenser physiquement etc.
Pour certains, le plaisir réside dans la beauté du geste comme Mansour Barhami ou Adriano Panatta, pour d’autres il réside exclusivement dans la victoire comme c’est le cas de Brad Gilbert. Certes, le joueur de tennis joue pour gagner, mais jouer avec comme seul objectif le succès et la reconnaissance, peut faire perdre la notion de plaisir simple. Le fait d’avoir des motivations basées sur son ego peut empêcher le joueur de bien développer son jeu et s’y épanouir avec.
Il est important de bien dissocier la recherche de plaisir à travers la pratique qui peut aboutir à la mise en place d’une identité de jeu dans laquelle le joueur se sent bien – et qui par ailleurs peut aboutir à des résultats – d’une recherche de plaisir qui repose uniquement sur la victoire et qui aura pour effet de se mettre la pression, de s’énerver, d’être obsédé par le résultat final qui peut faire trembler en cours de partie et empêcher le bon déroulement du jeu.
L’influence du classement
Pour un certain nombre de joueurs, la pression du classement peut avoir une influence dans la construction de leur jeu. Construire son identité de jeu en fonction du classement que l’on veut atteindre peut avoir ses limites. Par exemple un joueur classé en fin de 4ème série qui cherche à atteindre la 3 ème série en faisant un nombre réduit de fautes directes, pourra arriver à son but en jouant de la sorte, mais risque d’atteindre le plafond de verre s’il souhaite progresser au classement. Bien sur cette stratégie peut être intéressante pour trouver de la régularité et il est tout à fait possible d’atteindre le classement désiré en jouant de la sorte, mais si le joueur se contente uniquement de remettre la balle en cloche au milieu du terrain, d’attendre et ne pas oser, il risque de s’enfermer dans un jeu petit bras qui ne le fera pas avancer et dans lequel il prendra moins de plaisir s’il essuie une série de défaites. Il est tout à fait estimable de préférer défendre, mais si le joueur veut avancer dans son tennis, et l’estime qu’il a pour son jeu, il doit élargir sa palette en essayant de varier les trajectoires et les effets pour être plus solide et s’épanouir dans l’art de défendre.
Le pari de l’attaque
Si pour d’autres joueurs la conception du tennis se fait en attaquant et en montant au filet, cela n’est pas sans peine pour un joueur de 4 ème ou 3 ème série car la prise de risque face à des adversaires défenseurs peut amener à l’erreur, et il faut passer par des échecs au niveau du résultat pour mettre véritablement son jeu en place. Le jeu d’attaque, s’il correspond souvent à un idéal, requiert surtout une confiance en soi inébranlable même en cas d’échecs pour que les intentions de jeu parviennent à se réaliser. Lorsqu’elles ne se réalisent pas, et que le joueur enchaîne les défaites, il peut se mettre à douter de ses capacités et décider de se replier sur un jeu plus défensif qui le sécurise. Il faut donc du temps pour concrétiser un jeu d’attaque, ne pas se laisser abattre par des résultats négatifs, raisonner positivement en constatant objectivement les progrès effectués au fur et à mesure des parties.
Assumer ses choix
Dans la construction de son identité de jeu, le joueur doit garder à l’esprit qu’il est sur le court pour sentir, toucher, bouger, créer quels que soient ses choix de jeu (défensifs, offensifs ou les deux). L’option défensive peut être intelligente si elle ne se limite pas au simple fait de pousser la balle dans l’autre camp et s’il inclut une certaine variété de coups que l’on acquiert en s’entraînant et en jouant. Le joueur d’attaque, doit également penser au plaisir de construire et prendre conscience de ses progrès pour ne pas se laisser submerger par le doute et parvenir à ses fins. En étant focalisé sur des objectifs de processus et de gestion des émotions négatives liées à son égo, le joueur se donne les moyens de mieux vivre sa pratique du tennis et de progresser à travers un jeu qu’il aime.
Félicien Lopez pour Blog Tennis Concept
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crédit photo mise en avant ©mirsasha (alias Beth Wilson)
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