Préparez-vous toujours à jouer un match long et difficile, quelque soit l’ adversaire.

Parmi les derniers matchs que j’ai joués, deux furent particulièrement remarquables quant à la différence entre leur déroulement anticipé et leur déroulement réel. J’ai cru avoir gagné le premier de ces deux matchs avant de le terminer et j’ai cru perdre le deuxième avant de l’avoir véritablement commencé.

Un match gagné d’avance.

Je dispute le deuxième tour du tournoi interne de mon club. Après avoir bataillé plus de deux heures pour me défaire d’un vétéran coupeur de balles classé 30/4, je me retrouve face à Frédéric, classé 30/2. Je suis moi-même classé  30/4 et je me réjoui de jouer deux classements au dessus de moi.

Je suis particulièrement confiant quand on tape les balles d’échauffement, surtout quand je remarque la technique atypique de mon adversaire. Il est incapable de frapper un revers et volleye de manière apparemment désynchronisé. Une heure plus tard, j’avais perdu le premier set 7/5. Je ne suis pas rentré dans le rythme et j’ai accumulé les fautes par excès de précipitation. Fréderic ne joue pas vite mais se déplace bien et ses balles atterrissent toujours dans les limites du court. Je me fais violence dans le deuxième set, recadre mes attaques et conclue mes points au filet. J’empoche la manche 6/1, en toute logique (je pense). Et c’est au début du troisième set que je cale. Je n’arrive plus à servir dans les coins et il renvoie tous mes services. Je n’arrive plus à accélérer et il me faut à présent frapper une vingtaine de coups avant d’avoir une ouverture. Non seulement mon adversaire se fait fort de renvoyer 25 fois la balle, mais en plus, il se permet de monter sur mes balles trop courtes. Je perds le dernier set 6/3.

Le match a duré 2h45 et un péché d’orgueil n’est pas totalement étranger à ma défaite. J’ai perdu contre un adversaire certes moins bon techniquement (ou plutôt à la technique moins orthodoxe), mais plus affuté physiquement et mentalement que moi.

Le match presque perdu à l’échauffement.

Dix jours et quelques séances d’entraînement plus tard, je m’inscris au tournoi du Tennis Club Rochelais sur terre battue. Je m’incline au deuxième tour du tournoi sénior contre un bon 30/3 (ancien 30), dans un match de trois heures. J’ai franchi alors un nouveau palier en ce qui concerne le mental. Je joue à présent pour le premier tour du tournoi vétéran (+35 ans), contre un non classé.

Je déchante vite, ce joueur a une très bonne technique et me sort des coups anormaux pour son classement. Lors du premier set, il enchaine trois fois service-volée, je lui retourne trois fois dans les pieds et il me joue trois fois la même volée amortie impeccable. Philippe possède une bonne longueur de balle, accélère remarquablement en coup-droit et heureusement fait quelques fautes. Je suis obligé d’élever mon niveau de jeu, de tirer et de réussir des passings audacieux voire d’attaquer avant lui pour me prémunir. Après avoir été mené, je remporte la première manche un peu contre le cours du jeu 7/5. La fin du match est beaucoup plus facile pour moi puisque je m’impose 6/2. Mon adversaire, s’est effondré physiquement sur la fin du match. Il n’arrivait plus à plier les jambes sur son service, accumulait les fautes et avait diminué de beaucoup sa longueur de balle.

Le niveau de jeu affiché par mon adversaire en début de match m’a entrainé à adopter mentalement des stratégies de survie et de contre-attaque qui se sont montré particulièrement efficaces. Une des clefs du match aura été mon refus de baisser les armes face à une situation qui me semblait d’entrée compromise.

Rapide ne veut pas dire précipité.

Miyamoto Musashi, célèbre samouraï japonais du XVIème siècle, écrivait dans son fameux traité des cinq roues que “en toute chose il y a un rythme”. Au tennis, juger un adversaire sur les balles d’échauffement, c’est déjà être trop rapide. Un adversaire au jeu atypique et lent peut se révéler un monstre de régularité, de précision, d’anticipation et de sens tactique. A contrario, un adversaire brillant et vif à l’entrainement peu dissimuler un mental friable et une endurance approximative.

Etre toujours préparé au pire et considérer chaque match comme un défi, vous offre un double avantage.

Vous évitez le péché d’orgueil, générateur de relâchement et de stress. Quand les choses ne tournent plus à votre avantage, le doute s’installe rapidement. Méfiez vous des eaux dormantes. Un adversaire en difficulté peut reprendre confiance en lui et miner peu à peu votre superbe.

Vous vous focalisez plus facilement sur l’instant présent. Repensez à la dernière fois  ou vous avez disputé un match contre un joueur réputé beaucoup plus fort que vous. Avez-vous remarqué comme vous étiez en état de vigilance extrême, entièrement concentré sur le point que vous étiez en train de jouer. Vous préparer psychologiquement à un match long et difficile est le genre d’attitude  qui vous permet d’accéder plus facilement à un état de concentration totale.

Votre match fut long et difficile ? Tant mieux ! Les choses acquises facilement n’ont que peu de valeur.

Vincent

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Posté par Vincent

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2 commentaires
  1. Fabrice 6 octobre 2012 at 6 h 36 min - Répondre

    salut. j’ai dans mon club un joueur avec qui je joue régulièrement. Il a 67 ans et ne lâche absolument rien du tout ( 30/4). Depuis ma reprise du tennis j’ai remarqué que le fait de rester concentrer apporte des solutions à ce type de jeu. j’avais une approche aux entraînements très  » esprit club » je veux dire par là que je perdais un match car le but était de se faire plaisir et que comme ce n’était pas un match officiel cela n’avait pas d’importance. Quelle erreur !! il me bat régulièrement car lui c’est un tueur et joue à fond chaque balle avec en plus des petites remarques désagréables ( dans l’esprit du jeu ) pour justement enfoncé le clou pour vaincre. En lisant ton article je suis complètement d’accord avec toi de s’attendre à un long math difficile même si l’adversaire paraît faible. D’ailleurs depuis mon arrêt ( 15 ans) et depuis ma reprise mon mental diffère énormément. J’ai l’impression que mon tennis revient très vite avec en plus une lucidité immédiate dans la recherche du résultat. C’est pourquoi je suis très motivé à reprendre la compétition. Et comme par enchantement ce joueur commence à céder. Par la patience et la régularité j’inverse le résultat. Je que j’en retire et pour conclure dans ton sens. l’age par exemple n’a pas d’incidence sur la faiblesse d’un joueur et donc se préparer à un match long et difficile c’est déjà le début de la victoire.@+

    • Vincent Bonnin 7 octobre 2012 at 0 h 03 min - Répondre

      Bonjour Fabrice et merci pour ton commentaire qui illustre très bien mon propos.

      Il est très difficile de juger le niveau d’ un adversaire sur son apparence. Les joueurs âgé peuvent se montrer très fort physiquement, les joueurs malingres sont des fois très explosifs et certains joueurs corpulent se déplacent remarquablement. Sans oublier le mental qui est la partie immergée de l’iceberg.

      Il est important aussi de se méfier des regard extérieurs de certains proches qui auront tôt fait de vous voir gagnant dans la facilité. Rappelez-vous que c’est vous qui êtes sur le terrain et que vous êtes seul face à un adversaire qui pourrait se monter plus coriace que son apparence le laisse entendre.

      Prenez exemple sur Roger Federer ou Rafael Nadal, ils ne sous-estiment jamais aucun de leurs adversaire quel que soit leur classement.

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