Le pot d’après match au tennis est un moment à la fois symbolique et convivial, mais il peut aussi être un moyen privilégié pour accompagner votre progression future. Voici comment aborder au mieux vos fins de match, de la poignée de main au passage à la buvette du club.
Si vous êtes un compétiteur confirmé, vous avez appris comment bien démarrer un match de tennis. Vous savez comment vous échauffer, que faire pendant les fameuses cinq minutes de balles et comment effectuer le tirage au sort.
Vous avez aussi sûrement quelques notions pour récupérer au mieux d’un match difficile (étirements, réhydratation…).
Cet article traite du moment qui suit la balle de match et qui précède le départ de la récupération. L’immédiat après match, qui commence au moment de la poignée de main et qui se poursuit par le traditionnel pot de l’amitié, est un moyen de profiter au mieux de l’aspect humain de la rencontre sportive.
Bien négocier votre après match, que vous ayez gagné ou perdu, vous sera profitable à long terme, voici pourquoi :
Un moment symbolique : la poignée de main
Moment fort de la rencontre de tennis, la poignée de main est inévitable que vous soyez gagnant ou perdant. Refuser de serrer la main de son adversaire est extrêmement rare, ce qui en fait un acte particulièrement lourd de sens.
La poignée de main peut être froide et impersonnelle, mais j’ai fait le choix de m’efforcer d’en faire toujours un moment chaleureux et ce quel que soit le résultat.
En cas de défaite
Si vous avez perdu, félicitez votre adversaire de manière sincère. Après tout, un résultat de tennis ne doit que peu de chance au hasard et si votre opposant vous a battu c’est qu’il a mieux joué que vous.
Il ne sert à rien de vous chercher des excuses et encore moins d’en faire profiter votre adversaire. Apprendre à perdre fait partie de la formation de tout joueur. Admettre sa défaite est le point de départ d’une analyse lucide du match et d’une autocritique constructive.
Vous êtes blessé ? Et alors, battre un adversaire qui est blessé (ou qui fait semblant), n’est jamais facile. Si votre adversaire s’est blessé et a tout de même remporté la partie, ne soyez pas de la même façon trop dur avec vous-même.
Vous avez envie de dire à votre adversaire tout le mal que vous pensez de son jeu pourri, abstenez-vous. Il vient précisément de mettre le doigt sur un de vos points faibles et vous devriez lui en être reconnaissant.
Ma phrase qui accompagne la poignée de main quand je me suis incliné : tout simplement « bien joué ».
En cas de victoire
Si vous avez gagné, et même si la fédération française vous encourage à « féliciter votre adversaire quel que soit le résultat », je vous recommande la plus grande retenue.
Féliciter son adversaire quand on a gagné comporte certains dangers. Selon la personne que vous avez en face, vous courrez le risque de passer pour un prétentieux, un moqueur ou un indélicat.
Faîtes aussi marcher votre discernement, si votre adversaire a commis 25 doubles-fautes, a insulté les spectateurs et s’est cassé une raquette sur la tête, inutile d’en rajouter.
Si j’écris ces quelques lignes, c’est aussi parce que j’ai longtemps détesté que mon vainqueur me félicite.
Aujourd’hui cela ne me fait plus ni chaud ni froid. Je regrette simplement que mon adversaire n’ait pas la simplicité et l’élégance du mot magique que j’utilise systématiquement quand je remporte la partie. Ce mot, qui en plus a le mérite de la franchise est tout simplement « merci ».
Au risque de passer pour un intégriste du savoir-vivre tennistique, je pense que la poignée de main est avant tout le moment ou le perdant peut féliciter son vainqueur. Ce dernier, même s’il a pu exprimer sa joie de manière ostentatoire quelques secondes avant, doit alors reprendre une certaine retenue pour simplement remercier son adversaire et passer à l’étape suivante : le pot d’après match.
Le pot d’après-match
Cette coutume qui veut que le vainqueur offre un verre à son adversaire doit constituer pour vous un incontournable. Le tennis est un jeu social et si vous avez gagné, offrez un pot à votre adversaire. Tous les clubs qui organisent des tournois ouvrent une buvette spécialement à cet effet.
Ne prenez pas pour excuse une faible trésorerie, vous passeriez pour un radin et un mal élevé. Vous n’êtes pas Fabrice Santoro, qui, quand il était jeune au début de sa carrière devait prévoir un budget spécial pour les pots d’après-match. La différence avec vous c’est que Santoro disputait et gagnait un nombre faramineux de rencontres.
De plus, les consommations dans les clubs étant le plus souvent moins chères qu’au bistrot, vous économisez de l’argent.
Partant du principe que vous ne refusez jamais (sauf exception) le pot que vous offre votre adversaire, vous voilà parti pour la petite discussion d’après match.
Comment tirer parti au mieux du pot de l’amitié
J’aime beaucoup discuter du match avec mon adversaire, car cela me permet d’apprendre beaucoup sur mon jeu et de situer mes progrès. Sauf cas exceptionnel du joueur que vous rencontrez très régulièrement en match officiel, je pense que l’on gagne plus à échanger avec son adversaire, qu’à tenter de dissimuler des secrets de petit joueur.
Selon le sacro-saint principe de réciprocité des échanges, si vous dites à votre adversaire que tel coup ou tel enchainement qu’il a joué vous a gêné. Si vous revenez sur un point spectaculaire qu’il a gagné, il va à son tour vous donner des informations sur votre jeu.
C’est ainsi que j’ai pu comprendre que mon revers chopé était devenu gênant à force de rebondir de plus en plus bas ou que quelquefois, ma seconde balle de service posait plus de problèmes à mon adversaire que ma première.
Si on va plus loin, on peut quelquefois rentrer dans la tête de son adversaire et comprendre ses motivations : pourquoi il a joué tel coup à tel moment ou pourquoi a-t-il brusquement changé de tactique.
Ma dernière défaite en simple fut contre un lifteur gaucher qui m’entrainait systématiquement sur sa diagonale de coup-droit pour martyriser mon revers avec des balles hautes.
Après avoir évoqué les différents schémas tactiques du match, Il m’a expliqué qu’il avait repris des cours et au final, je suis reparti avec une petite astuce technique qui m’a permis d’améliorer instantanément mon coup droit.
Un bon filon pour trouver des partenaires de jeu
Quand le match a été équilibré, que la rencontre a été disputée et que vous vous êtes régalé, vous vous trouvez en face d’un joueur qui est aussi un partenaire d’entraînement potentiel. N’hésitez pas à prendre les coordonnées de votre adversaire.
Les joueurs réellement motivés pour la compétition ne sont pas forcément légion et en disputant régulièrement des matchs officiels vous rencontrerez des joueurs qui ont au moins ce point commun avec vous. Ne passez pas à côté de ce moyen simple de compléter votre carnet d’adresse.
Bonjour Vincent ‘
Tu as raison d’insister sur le pot après la compétition car c’est un moment d’échange et de camaraderie enfin cela devrait l’être et comme tu le dis si bien on peut apprendre beaucoup d’une conversation. Le jeu quel qu’il soit devrait rester précisément un JEU chose qu’aujourd’hui on ne voit plus guère tout devenant souvent une affaire de gros sous cela dit sans être rabat-joie. Je crois qu’en sport ou non la convivialité après avoir été des adversaires devrait être plus souvent mise à l’honneur.
Bravo pour cet encouragement au fair-play
Merci Sylviane pour ton commentaire pertinent,
Ce qui est difficile à mon avis, c’est d’arriver à passer en quelque secondes de l’esprit combatif de la compétition à l’esprit de partage et de convivialité qui est le plus approprié aux échanges d’après match (surtout quand on a perdu, d’ailleurs).
Cette capacité de déconnection m’a beaucoup manqué dans mes premières années de compétition ou j’ai quelques fois adopté des comportements, sous le coup de la déception, que j’ai regretté par la suite.
Positiver (et relativiser) systématiquement les défaites m’a permis de faire d’immenses progrès de ce côté là et de mieux profiter de l’après match.
Beau principe =) mais dans le monde professionnel c’est plus délicat. En tout cas « grâce » à une certaine hypocrisie ça passe (Djoko et Nadal par exemple).
Adam
Tu as raison Adam de souligner l’ hypocrisie qui reigne à ce niveau là dans le tennis pro.
Je ne suis moi même pas dupe, mais je préfère 100 fois l’image que renvoient Federer, Nadal et Djoko aujourd’hui que celle que renvoyait les bad-boys des années 80 comme Mc Enroe ou Connors.
Ces deux joueurs étaient admiré du public et des médias pour des mauvaises raisons (frasques, colères ou même obscénités).
Ils donnaient l’impression d’ être prêt à tuer père et mère pour gagner un match, ce qui était certainement le reflet sincère de leur état d’esprit.
Le problème, c’est qu’il ont influencé des milliers de jeunes qui se sont mis à adopter des comportements détestables dans les compétitions amateurs.
C’est pourquoi je préfère cent fois l’hypocrisie actuelle, car elle a le mérite de donner aux jeunes un modèle de comportement plus conforme à ce qu’il devrait être à leur niveau.
Merci Vincent de cet article très important et tu soulèves un point crucial : la belle attitude, qui commence en effet par un Bonjour et par remercier, quel que soit le résultat, son partenaire (je n’aime pas parler d’adversaire, justement parce que l’on apprend beaucoup de ces rencontres sportives ! … qui vont également nous aider dans notre vie !! … normalement !!)
Bravo, pour donner surtout aux jeunes compétiteurs le sens de cette belle attitude
Avec toute mon Amitié
Guy-François
c’est marrant, je me suis un peu pris la tête à une époque sur « que dire au perdant », et j’en suis arrivé à la même conclusion que toi : « merci », point barre (« bien joué », c’est hors de question. c’est prétentieux. « tu as bien joué mais j’ai joué encore mieux » (puisque c’est ça que ça veut dire), c’est moyennement élégant). par contre quand je perds « bien joué », point barre.
quant aux échanges d’impressions avec l’adversaire c’est non seulement sympa mais hyper précieux, à chaque fois ça attire mon attention sur des défauts ou des qualités, ça oriente ma progression, etc.
moi jamais au grand jamais je ne fais la moindre allusion à tel pépin physique, la surface, le vent, etc, et jamais au grand jamais je ne dévalue le jeu de l’autre. mais quand l’autre le fait (j’ai un jeu relativement attentiste, et il m’arrive de temps en temps que le perdant me le reproche, ou presque (« c’est pas un reproche, mais… » etc.:-)), ça le fait souvent baisser dans mon estime, et en même temps ça me sert (à me rendre compte de mes points forts, mes points faibles), donc bon… bref même quand l’adversaire vous fait d’inélégants reproches, ça peut être à la fois désagréable et nourrissant.
même si bien évidemment le top c’est les échanges nourrissants et sans reproches, et ça heureusement c’est assez fréquent :-).
Très heureux Jean-robin, que tu soit parvenu à la même conclusion que moi après les mêmes prise de tête.
Bruce Lee disait « le sommet de l’éducation ramène toujours à la simplicité ».
C’est pourquoi je te félicite de remercier ton vaincu et de féliciter ton vainqueur dans la plus grande sobriété.
Quand à mes adversaires qui cherchent (et trouvent) mille excuses à leur défaites, il me font rire intérieurement, ce qui à pour don de me mettre de bonne humeur pour le pot d’après match.
L’esprit de cet article me paraît indiscutable même si, pour chercher la petite bête, la démarche m’apparaît finalement intéressée (ma petite personne, mon jeu etc.) et pas très en empathie avec le collègue.
C’est ton dernier commentaire qui a mis à jour cette impression : « Quand à mes adversaires qui cherchent (et trouvent) mille excuses à leur défaites, il me font rire intérieurement, ce qui à pour don de me mettre de bonne humeur pour le pot d’après match ». On est plus près du cynisme que de l’attention à l’autre ^^ d’autant que, ma foi, un mec qui s’est pris 2 sets a sans doute besoin d’éviter de se prendre trop frontalement le diagnostic de sa mauvaise perf. C’est humain quoi.
Une anecdote pour rire : un match en 3sets sous un soleil de plomb que je perds face à un gamin de 17 ans. Il croit me faire plaisir lors du pot en me disant « naaaan mais vous jouez bien hein monsieur ». J’ai 34 ans et j’ai eu mal dans mon petit coeur.
Merci Quinco pour ton commentaire.
Je ne me rappelle plus qui disait que toute relation sociale était par définition intéressée mais je pense qu’il était dans le vrai.
Tu as raison de penser que la démarche du pot d’après match est intéressée. L’important à comprendre, est que cette démarche ne doit pas être égoïste. Faire preuve de générosité et d’enthousiasme, à cet instant précis, m’a toujours énormément apporté en retour, tandis que faire la tête et m’enfermer dans un mutisme déplacé ne m’a jamais rien apporté.
Enfin j’assume complètement mon dernier commentaire sur les champions des excuses qui me font rire intérieurement. Ca me ramène à ma propre histoire d’ex détenteur du trophée de l’excuse la plus tordue. Je n’ai jamais eu la prétention d’avoir le comportement le plus exemplaire et c’est sans méchanceté aucune et au contraire avec la plus grande tendresse que je me rie des défauts de mes adversaires (qui sont aussi les miens parfois).
[…] le classement, le palmarès et le passé tennistique de votre adversaire, je vous invite lors du pot d’après-match, à jouer avec lui au jeu des devinettes. Quel classement lui donnez-vous ? Joue-t-il en […]
Dormez dans un lit de 210
Avec ou sans pot d’après-match, pour les grands, un truc pour bien récupérer: dormez dans un lit de 210.
Si vous dormez dans un lit normal, vous ne pourrez pas vous relâcher. Or, la clé de la récupération est le relâchement.
Avec un matelas bien ferme en ce qui me concerne !
Article très juste. Quand j’étais plus jeune, le pot d’après-match était une tradition quasi-institutionnelle. Il me semble qu’aujourd’hui, il y a de plus en plus de joueurs qui soit ne le propose pas soit le refuse poliment …