C’est un réel plaisir pour moi que de pouvoir évoquer ce qui constitue un des plus beaux coups du tennis à mes yeux.
Il demande au joueur des qualités d’appréciation de trajectoire de balle, de prise de décision, de précision du jeu de jambe, de coordination, d’équilibre et un poignet ferme en fin de geste.
Ce geste reste malgré tout abordable pour qui s’y entraîne un minimum. C’est, en tous les cas, un coup qu’il vous faudra posséder si vous ne voulez pas vous faire lober systématiquement quand vous montez au filet.
Le coup le plus incroyable de ma carrière de tennis : un smash
Vous rappelez-vous de votre plus belle balle de match ? Le plus beau point sur lequel vous ayez terminé une partie ? Pour ma part c’était un smash.
Je venais de livrer une partie exemplaire de bout en bout avec beaucoup de points marqués au filet. Sur le dernier point, je monte tout naturellement et mon adversaire choisit de me lober. Il m’envoie un lob très profond mais heureusement, j’avais anticipé le coup et j’avais déjà commencé à reculer en pas chassés.
J’avais déjà smashé plusieurs fois dans la partie avec succès et c’est avec une grande confiance que je poursuivis mon déplacement au-delà de la ligne de service en direction de la ligne de fond. Une fois la balle à ma portée, je bondis en arrière pour pouvoir l’atteindre. Tout me paraissait facile en cette fin de match et c’est tout naturellement que mon bond en arrière se coordonna avec la trajectoire de la balle. Alors que la balle allait rentrer en contact avec mon cordage, un coup de poignet particulièrement audacieux me permit de rabattre et croiser la balle dans le coin du carré de service. Mon smash, qui aurait dû être un coup de remise de par la qualité du lob, se transforma en coup gagnant improbable.
Je revois encore la tête complètement éberluée de mon adversaire qui, de rage, lança un « je ne comprends pas, pourtant tu es petit ! ». C’était un peu exagéré, vu que je mesure tout de même 1m73 le matin (et 1m72 le soir). Ce qui est en revanche vrai, c’est ma passion pour ce coup athlétique qui me permet de punir régulièrement les mauvais lobeurs.
Historique et évolution du smash au tennis
On ne peut raconter l’histoire du smash sans commencer par évoquer l’invention du lob. Quand les instances dirigeantes du tennis autorisèrent les joueurs à prendre la balle de volée à la fin du XIXème siècle, un joueur trouva une parade à ce nouveau style de jeu : le lob. Franck Hadow, qui eut le premier l’idée de faire passer la balle au-dessus du joueur adverse quand celui-ci montait au filet, remporta le championnat de Wimbledon de 1878 à 1880. Imaginez-vous qu’à ce moment-là, les joueurs qui étaient lobés regardaient passer la balle au-dessus d’eux sans pouvoir rien faire.
Heureusement, un dénommé William Renshaw inventa le smash en 1881. Ce nouveau coup lui permit de frapper les balles au-dessus de sa tête et d’écraser les fameux lobs de Hadow. Renshaw remporta le championnat du monde sur gazon de Wimbledon cette même année.
Le smash sauté
Le smash se jouait au départ en reculant sur le lob. Une première évolution du smash eut lieu au milieu des années 1920 où le Français Jean Borotra, surnommé le Basque bondissant, gratifiait son public de smash sautés spectaculaires.
En effet, le mousquetaire eut l’idée pour toucher les lobs les plus profonds de terminer sa course vers le fond de court (en pas chassés ou pas croisés) par un saut en arrière. Un élégant ciseau des jambes permettait au joueur de rétablir son équilibre et de retomber sur ses pieds après la frappe.
Vous pouvez d’ailleurs admirer la posture de ce monumental champion français dans le stade de Roland Garros.
La statue qui le représente, immortalise le Basque bondissant exécutant un smash sauté exemplaire.
Le smash en détente verticale
Une deuxième innovation du smash fut mise au point dans les années 80 par le Français Yannick Noah.
Avantagé par une grande taille et bénéficiant d’une détente verticale hors du commun, Yannick eut l’idée de sauter pour rabattre la balle, ceci sans reculer. Cette technique lui permit de capter beaucoup de lobs liftés du suédois Mats Wilander.
Yannick savait très bien que l’effet lifté de ce genre de lob, les rendait irrattrapables après le rebond et qu’il devenait alors opportun de les frapper plus tôt dans leur trajectoire à la manière d’un joueur de volley-ball.
Le slam-dunk
Une troisième grosse évolution naquit avec Pete Sampras qui développa les smashs joués en sautant en avant.
Appelés aussi slam-dunk, la puissance qu’ils dégagent rappelle les paniers smashés des basketteurs (dunk) qui fracassent les panneaux dans ce geste si spectaculaire.
Si vous voulez une référence pour le smash dans le tennis de 2012, un nom me vient immédiatement à l’esprit : Roger Federer.
Son jeu de jambe particulièrement explosif, précis et véloce associé à un coup d’œil remarquable lui permet de réaliser de véritables prouesses sur ce coup.
Ne pariez pas sur un raté de Roger sur ce coup, ils sont extrêmement rares.
Deux smashs de tennis spécifiques
Le smash de revers
Quand le joueur de filet est lobé sur son côté revers et qu’il n’a pas le temps de tourner autour de la balle pour la prendre en smash de coup-droit, il tente parfois ce coup délicat et souvent hasardeux.
Le smash de revers se joue dos au filet en visant la balle au départ par-dessus son épaule. Il demande par conséquent une grande maîtrise de la perception de sa position dans l’espace. Il demande, en plus, une grande flexibilité du poignet ainsi qu’un dos solide.N’hésitez pas à le tenter pour le plaisir. Un smash de revers réussi épate toujours la galerie.
C’est le gaucher argentin Guillermo Vilas qui a beaucoup fait progresser ce coup dans les années 1970.
Le smash après rebond
Dans le cas où l’adversaire vous a envoyé un lob court mais très haut, il est beaucoup plus simple de laisser rebondir la balle. Quand la balle tombe de très haut, la vitesse qu’elle a prise quand elle arrive au niveau du joueur rend difficile la frappe du smash. Patientez quelques secondes et Laissez rebondir la balle; vous bénéficierez alors d’un smash plus facile.
Dans quelle partie du court de tennis frapper son smash ?
Le plus important au départ est de décoder le lob adverse et de déterminer rapidement si vous le classez dans les lobs faciles, moyens ou difficiles. C’est la longueur du lob qui déterminera si votre smash sera plus ou moins difficile.
Si le lob adverse est court et que vous le jouez dans la zone verte, vous devez tenter votre chance et essayer de conclure directement en jouant croisé-court en A1 ou A2
Si le lob de votre adversaire vous oblige à reculer à proximité de la ligne de service dans la zone bleue, alors je vous conseille de chercher des cibles B1 ou B2 au fond du court.
Comme pour les volées d’attente, vous pouvez choisir de faire courir votre adversaire ou bien jouer dans son replacement.
Dans le cas d’un lob particulièrement profond qui vous a obligé à reculer derrière la ligne de service, je vous conseille de simplement remettre la balle en visant le milieu de la ligne de fond de court.
Vous pourrez alors reprendre l’échange du fond de court en attendant l’opportunité de remonter au filet.
Les zones et les cibles peuvent varier en fonction du niveau du joueur.
Préparez-vous toujours à jouer plusieurs smashs de suite en cas de bonne défense adverse.
Trois points importants pour travailler son smash au tennis.
Apprendre à bien rabattre son poignet
Assurez-vous pour cela d’avoir la bonne prise de raquette. La plupart des débutants stagnent sur ce coup car ils adoptent une prise de coup droit qui empêche la flexion/extension du poignet. L’idéal est d’utiliser la prise marteau* qui est la meilleure prise pour la volée de revers et le revers coupé à une main. D’autres prises, comme des prises de revers légèrement fermées, font également l’affaire.
Je recommande néanmoins la prise marteau, car c’est la meilleure pour frapper les smashs à plat. Et il est primordial de bien maîtriser la frappe à plat, avant d’envisager des smashs avec des effets. Pour le smash, la frappe à plat reste la valeur la plus sûre.
Bien se placer sous la balle
La première condition de réussite d’un bon smash est le placement sous la balle. Faites des séries de smash avec un partenaire qui vous enverra des lobs moyens. Faites bien attention pour cet exercice à vous placer au niveau des carrés de service et non à un mètre du filet. Je vous préconise de bien différencier le travail du placement et le travail de la vitesse de recul.
Si vous vous placez au filet pour reculer comme un fou à la poursuite d’un lob que vous aura envoyé votre partenaire, vous travaillerez votre physique mais vous vous épuiserez très vite.
Reculer rapidement
Pour travailler votre recul, il y a le fameux exercice évoqué plus haut, que je pratiquais dans les années 80 (école Hopman probablement). Le smasheur devait toucher le filet avant de partir comme un fou pour tenter de toucher le lob que l’entraîneur distribuait au panier. Inutile de vous préciser que je n’appréciais guère cet exercice qui nous flinguait physiquement et ne nous mettait pas spécialement en confiance sur le smash puisqu’on en touchait finalement très peu.
Il vaut mieux à ce moment-là vous entraîner en solitaire sur le terrain de tennis à faire des pas chassés le plus rapidement possible en vous chronométrant. Je termine souvent mes footings par des flexions et des pas chassés.
L’idéal est de vous mettre en situation de jeu avec un partenaire qui vous fera jouer alternativement volées et lobs. Vous apprendrez ainsi non seulement à reculer mais aussi à vous positionner.
J’aime aussi beaucoup m’entraîner au mur à smasher.
J’espère que je vous aurais donné envie de travailler ce coup qui, s’il est bien maîtrisé vous ouvrira des horizons nouveaux.
Beaucoup de joueurs smashent mal pour l’unique raison qu’ils ne travaillent jamais ce coup. On peut même voir des joueurs amateurs qui lors des matchs officiels ne s’échauffent même pas au smash.
Pourtant, posséder un bon smash vous permettra de volleyer plus près du filet tout en forçant votre adversaire à trouver autre chose qu’un lob pour vous passer. Bien smasher vous fera gagner énormément en niveau de jeu.
Ah ces fameux smash !
Quel plaisir, quel défoulement quand je jouais ce coup !
Mais aussi quelle —— quand je tapais à côté à cause d’une trop grande précipitation et d’un mauvais ajustement par rapport à la balle.
A travailler car point facile à gagner comme facile à perdre !
A bientôt
Karine
C’est exactement ça Karine.
Le smash est totalement jubilatoire quand il est réussi car c’est un des rare coup ou on peut parfois frapper de toute ses forces en toute sécurité.
En revanche il peut être source d’une grande frustration quand il échoue dans le filet ou hors des limites du court.
Mon avis est qu’il est une erreur de le considérer comme facile vu qu’il demande une grande application ainsi qu’un engagement physique certain.
Quant aux smashs réussi sur des lobs difficiles, ils peuvent constituer de petits chef d’ oeuvre.