Cet anglicisme a été traduit en français par le terme peu usité : tir passant. Le passing-shot est un coup de défense qui répond à l’attaque adverse que constitue la montée au filet. L’objectif de la manœuvre est d’empêcher le joueur en face de volleyer en mettant la balle hors de portée de celui-ci sur sa droite ou sur sa gauche. La réplique qui consiste à faire passer la balle au-dessus du volleyeur ne s’appelle plus un passing mais un lob.
Et la défense devint contre-attaque.
Chez les joueurs débutants, l’utilisation du lob est quasiment systématique en réponse aux attaques adverses. Plus le niveau monte, plus on tente le passing.
Selon le célèbre technicien Georges Deniau*, réussir un passing-shot demande une bonne technique, une sérieuse vitesse de course, un certain courage et une bonne connaissance des réactions du volleyeur. J’ajouterai que maitrise de soi et esprit de décision complètent pour moi l’ensemble des qualités nécessaire à l’art délicat de ce que l’on ne doit plus nommer défense, mais contre-attaque.
L’effet à privilégier pour le passing shot : le lift
Un passing à plat sera rapide avec une trajectoire tendue. Si l’attaque se fait sur une balle basse (dans la majorité des cas), le passeur devra prendre un gros risque pour mettre hors de portée la balle du volleyeur. En cas d’échec de la tentative, le volleyeur sera en mesure de jouer la balle au-dessus du filet, à hauteur idéale.
Un passing chopé pourra, du fait de son ralentissement, avoir une trajectoire qui fera redescendre la balle en dessous du niveau du filet. Volleyer à cette hauteur demande un effort à l’attaquant. Néanmoins la faible vitesse de ce coup le rendra très difficile à surprendre l’adversaire au filet. La contre-attaque redevient alors dans ce cas-là un coup de défense.
Le lift fait plonger la balle sous le niveau du filet tout en maintenant une vitesse suffisante au coup pour pouvoir prendre de vitesse l’adversaire.
Le passing en deux temps
Comme la double lame permettait dans le temps au rasoir gilette de mieux raser l’homme (une lame soulevant le poil pendant que l’autre le coupait à la racine, avant qu’il ne se rétracte), les seigneurs du lift inventèrent le passing en deux temps. Un premier passing dans les pieds de l’adversaire cherche dans un premier temps à faire jouer une volée délicate sur un des deux côtés. La réplique faible du volleyeur entrainant le passing gagnant inéluctable de l’autre côté.
Le « passing » d’attente (premier passing destiné à faire « jouer » l’adversaire) sera plus facile croisé. Un croisé-court va passer au niveau ou le filet est le plus bas et aura un taux de réussite plus élevé. Dans le doute : passez croisé !
Quand l’efficacité du passing tue l’initiative
Dans le tennis professionnel d’aujourd’hui en 2011, les serveurs volleyeurs sont une espèce qui a totalement disparue. La faute à quoi ? A la redoutable efficacité des passeurs (passeuses) d’aujourd’hui.
Les formidables rotations imprimées aux balles (6500 tours/minutes dans le cas du coup-droit de Nadal), empêchent les volleyeurs de faire des volées d’attente correctes.
Si on ajoute à cela, les prises de balle de plus en plus précoces des défenseurs, les volleyeurs ne peuvent volleyer que dans la mesure où ils ont complètement débordé le joueur d’en face.
Le lift outrancier des passings moderne a par ailleurs donné naissance à l’expression passing plombé. La balle lifté semble prendre, au contact de la raquette du volleyeur, un poids démesuré.
Ne viennent donc au filet que les joueurs qui ont suffisamment débordé l’adversaire pour n’avoir qu’à terminer le point.
Passing croisé ou le long de la ligne ?
La majorité des passings se tirent le long de la ligne. La principale raison est que la zone cible est plus grande donc plus aisée à atteindre. Un passing croisé, pour être hors de portée du volleyeur doit être très court. Les passing croisés sont la plupart du temps plus facile à intercepter pour celui qui est au filet. Comparez les zones A (cibles idéales) et B du schéma.
Le passing croisé est en revanche imparable, si le volleyeur a anticipé le passing le long de la ligne.
Quand l’attaque a débordé le défenseur.
Tout n’est pas perdu, au contraire, puisque la zone cible le long de la ligne est plus grande. Vous pourrez même remarquer, sur le schéma, qu’elle va en s’élargissant. Quant au passing croisé il est plus aisé de le faire plus court. Les attaques dans les coins donnent souvent lieu à des contre-attaques spectaculaires.
Pour contrer une attaque au centre.
L’attaque puissante sur le joueur est toujours délicate à contrer. Pour répliquer vous aurez au choix :
La balle à droite ou à gauche du joueur (la plus basse et la plus rasante possible).
La balle molle au centre dans les pieds.
La contre- attaque directe et violente sur le joueur, dans le but de le priver du temps nécessaire à se dégager.
On aura aussi Le lob qui visera le fond du court adverse. Mais ce coup sera abordé par ailleurs.
*ancien entraineur des équipes nationales française et suisse. Ce technicien haut de gamme au palmarès incroyable est aussi l’auteur de l’ouvrage de référence Tennis – La technique, la tactique, l’entraînement publié chez Robert Laffont en 1974. Cet ouvrage est malheureusement épuisé mais continue d’inspirer bon nombre de mes articles dont celui-ci.
Je me remettrai bien au tennis avec toutes ces explications que je n’ai malheureusement pas eu en temps voulu!!!!
oui oui il faut s’y remettre. Avec l’âge on a une autre vision du jeu, plus tactique pour ma part surtout quand je joue contre des plus jeunes…j’essai de jouer selon un plan comme pour les échecs…
C’est franchement génial de taper dans cette balle et surtout de les retourner proprement de plus en plus…
très bon article ! merci bcp. Vivement un sur le revers à deux mains, 3/4 du tems ça va au milieu du filet je ne sais pas pkoi…:((
Salut koyott,
Très bonne attitude que d’avoir un plan avant d’entamer une partie. cela te permettra d’avoir une longueur d’avance sur beaucoup de tes adversaires.
Pour le revers à deux mains, que je n’ai pas l’intention de traiter dans l’immédiat, je te revoie à l’excellente leçon prodiguée par un de mes mentor (Georges Deniau) et dont tu trouvera le lien ci-dessous.
http://www.tennismagazine.fr/la-technique-_r_28.html
bon courage pour ton revers !
« Ce technicien haut de gamme au palmarès incroyable »
Vous êtes allé fort quand même. Son nom ne me disait rien, je suis allé voir un peu ses stats dans sa carrière et franchement ce n’est pas « incroyable ».
Bonjour idk (merci pour ton com et ton intérêt pour mon blog), quand j’évoque le palmarès incroyable de Georges Deniau, je pense en tant qu’entraîneur plutôt que joueur.
Une vingtaine de campagne de coupe Davis avec l’équipe de France (le titre en 2001) et l’équipe de Suisse (finaliste en 1992).
Entraineur individuel entre autre de Guy Forget et Jacob Hlasec. Deux anciens top 10 mondial en simple et en double.
Georges Deniau a aussi écrit un ouvrage de référence sur le tennis (aujourd’hui épuisé) qui m’a énormément influencé en tant que joueur et blogueur.
Il y a très peu d’équivalent en France, c’est pourquoi Georges est pour moi tout simplement « incroyable ».
Vincent
Bonjour,
Merci je n’avais pas bien saisi cette partie, effectivement ce n’est pas banal. (J’apprends beaucoup sur votre blog)
Je vais essayer de voir si je ne peux pas trouver son livre en lecture en ligne s’il n’est plus commercialisé.
Merci pour votre réponse 🙂
Après quelques recherche sur le net il semble qu’il soit disponible d’occasion à des prix raisonnable (edition 1974, le plus souvent).
Le titre de l’ouvrage : Tennis : la technique, la tactique, l’entraînement par Georges Deniau