Je vous explique ici comment fonctionnent les différents appuis possibles en coup droit et surtout comment il convient de les utiliser en fonction des différentes situations de jeu. La précision, la puissance de votre coup, votre capacité à vous placer, à vous replacer ne seront pas les mêmes que vous ayez choisi les appuis en ligne, les appuis ouverts ou les appuis semi-ouvert.
Une question fondamentale en coup droit
Il est une question qui m’a longtemps travaillé quand j’ai repris le tennis, particulièrement côté coup droit est celle du choix entre les appuis en ligne et les appuis ouverts. Cette question est sans vérité absolue puisque certains joueurs ne pratiquent (en coup droit) que la frappe en appuis en ligne tandis que d’autre ne jurent que par la frappe en appuis ouverts (ou semi-ouvert). Pour brouiller encore un peu plus les pistes certaines académies de tennis n’enseignent que l’une ou l’autre des deux méthodes.
Mon seul et unique conseil en la matière sera de prendre connaissance de toutes les techniques, de les expérimenter jusqu’à vous définir une ligne de conduite. Vous pourrez alors vous laisser guider par votre instinct en match officiel. Une fois la partie démarrée, il est hors de question de perdre du temps et de l’énergie à réfléchir à quels appuis utiliser en coup droit.
La base, les appuis en ligne
Je démarre très logiquement par les appuis en ligne. Ce sont les appuis que l’on apprend aux jeunes enfants et aux débutants. Dans cette situation, le joueur démarre de profil pour terminer de face. Une fois positionné votre pied droit (si vous êtes droitier) à la fin de votre déplacement, la pose du pied gauche définira une ligne qui donnera la direction vers laquelle sera dirigée la balle. Ces appuis permettent une grande précision du coup.
Ce sont les appuis qui assurent la meilleure précision du coup joué et qui optimisent la poussée des jambes (essayer de pousser une voiture ou un mur, vous allez positionner vos pieds en ligne) et tous les transferts vers l’avant en général. Le rapport entre l’énergie consommée par le joueur et l’énergie restitué à la balle est idéal sur ce coup.
Ce sont les appuis que l’on doit privilégier quand on a le temps de se placer et que l’on veut avancer dans le terrain. Sur les balles courtes et lentes en particulier.
Une évolution possible, la frappe en appuis ouvert
Les appuis ouverts sont généralement enseignés beaucoup plus tard dans la formation du joueur. Au moment où le jeu commence à se durcir et que les profils des joueurs deviennent plus athlétique.
Sur ce type de coup droit, le joueur démarre de face pour terminer de face. Il positionne d’abord son pied droit sur lequel il va porter le poids de son corps (joueur droitier), descend sur ses jambes en vissant son bassin jusqu’à ce que ses épaules soient perpendiculaires au filet à la fin de la préparation. Au moment du déclenchement de la frappe, le joueur pousse sur sa jambe droite et dévisse jusqu’à revenir face au filet à la frappe.
C’est un coup qui demande beaucoup plus d’énergie que le coup droit en ligne car pour obtenir la même vitesse de balle, vous devrez accentuer la poussée des jambes et la rotation des hanches. C’est aussi un coup généralement moins précis que le coup droit frappé en ligne. Il est communément admis que la poussée des jambes vers le haut favorise la rotation de la balle vers l’avant. Cependant, si vous ne parvenez pas à lifter en jouant des coups droit en ligne vous ne parviendrez guère plus à le faire en appuis ouverts (le secret du lift se situant davantage dans l’accélération du poignet).
Vous devez vous alors vous demander pourquoi les frappes en appuis ouvert sont si répandue chez les bons joueurs si elles sont moins précises et plus gourmandes en énergie. Et bien parce qu’elles permettent de gagner un pas pour le placement et un pas pour le replacement(au moins), et c’est un avantage énorme. Si on prend l’exemple d’un joueur droitier, forcé à jouer un coup droit sur une balle rapide et excentrée, il va se servir de la jambe droite avec laquelle il pousse vers le haut (et l’avant) pour aussi revenir vers le centre du terrain (pour rejoindre son point de replacement).
Si vous voyez les joueurs de haut niveau jouer aussi souvent en appuis ouvert, c’est aussi parce qu’ils sont confrontés à des balles difficiles qui les privent du temps nécessaire pour se placer en ligne et surtout de se replacer dans les temps.
J’ai longtemps pratiqué les coups droits en appuis ouvert presque systématiquement en profitant d’une musculature des jambes avantageuse (en revanche, je suis mou des bras), mais j’ai évolué pour frapper de plus en plus en appuis en ligne.
Un compromis : la frappe en appuis semi-ouvert
Il existe un intermédiaire entre les appuis en ligne et ouverts, ce sont les appuis semi-ouverts. Les pieds se placent alors en formant une ligne positionnée à 45° par rapport à la ligne de fond. Ce qui permet un meilleur transfert de la puissance vers l’avant par rapport aux appuis ouverts tout en exigeant moins de dépense physique.
Ces appuis permettent de gagner un pas sur les appuis en ligne pour le placement mais procurent moins de précision et de vitesse que ces derniers.
Attention, paradoxalement, du fait de l’éloignement de la ligne des pieds et de la ligne de trajectoire de la balle, il est plus fréquent de frapper la balle avec un plan de frappe reculé avec ces appuis qu’avec les appuis ouverts.
Le danger des appuis croisés
Je ne pouvais terminer cette première partie sans évoquer les plus mauvais appuis qui soient en coup droit : les appuis croisées ou fermés. Et pourtant, j’ai très longtemps pratiqué ce genre d’appuis. Le principal problème est qu’avec ce style d’appuis, la rotation de votre tronc est bloquée au niveau de votre cinquième vertèbre ce qui entraine un déficit de puissance, de précision et de régularité. L’abus de ce genre d’appuis m’a d’ailleurs valu une tendinite dans le bas du dos.
Malgré cette recommandation vous pouvez être amené à jouer un coup droit en appuis croisé. Un service canon ou un violent coup de débordement peuvent vous contraindre, par défaut, à jouer de cette manière. Dans ce cas, ne cherchez pas à donner de la vitesse mais exercez juste une opposition à la balle, à la manière d’une volée.
Si vous cherchez à vous exercer, je vous renvoie à cette excellente vidéo de Jean Pascal Roussat, qui vous propose quelques séquences particulièrement pertinentes sur la question.
Si vous avez des questions supplémentaires sur cette problématique plutôt complexe ou des témoignages à apporter, la rubrique commentaires ci-dessous, vous est largement ouverte.
Bonjour Vincent,
Merci pour cet article encore une fois complet!
Pour le CD, on a donc le choix entre deux types de placement (en ligne ou ouvert).
Il est donc tout naturel de se demander s’il est possible de faire la même chose côté revers.
Je dirais que oui côté revers à 2 mains car la main faible, donnant la puissance à la raquette, se retrouve du même côté que l’appui permettant d’avancer (le droit pour un droitier), un peu de la même manière que la main forte pour le CD.
En revanche je pense qu’il est plus compliqué de le faire sur un revers une main. En effet j’ai la sensation que sur un appui ouvert sur revers une main, seul le bras peut donner de la force à la balle.
Qu’en penses-tu? Est-il possible selon toi de réaliser un appui ouvert aussi efficace sur un revers un main que sur un revers 2 mains?
Jérémy
petite correction sur le revers à 2 mains, le côté permettant d’avancer sur un revers est bien évidemment le gauche pour un droitier.
Bonjour Jérémy,
la vidéo et l’article concernant le revers sont encore dans mes cartons. En attendant voici le fruit de mes recherches.
En revers à deux main, il est tout à fait possible de jouer en appuis en ligne et ouvert. L’appui ouvert est même utilisé fréquemment en cas de débordement du côté gauche ou pour remettre un service puissant excentré. L’appui en ligne est néanmoins plus précis et permet un meilleur transfert.
Les appuis croisés sont fortement déconseillés en revers à deux mains, car la rotation des hanches finit par bloquer le mouvement.
En revers à une main, frapper en appuis ouvert est possible mais on perd alors beaucoup en précision (beaucoup plus qu’a deux mains). Personnellement, je n’utilise pas la frappe de revers à une main en appuis ouvert car, étant droitier du pied il n’est absolument pas naturel pour moi de pousser avec la jambe gauche (même si je pense c’est possible).
Quand je suis en retard côté revers, j’utilise les appuis croisés, car à une main, ils sont possibles. Le bras gauche en lâchant le manche, permet la rotation du tronc. Attention, avec ce genre d’appuis il est plus difficile de croiser et le replacement est plus long (ces appuis sont plus répandus chez les « une main » que les appuis ouverts).
J’espère pouvoir te montrer ça bientôt en image.
Vincent