Plaire au public, voila une ambition qui passe au second plan chez les compétiteurs et compétitrices de tennis. Leur premier objectif est bien évidemment la victoire. Pourtant l’amour et le soutien des supporters peuvent être un réel plus pour de nombreux joueurs et joueuses. Sans vouloir forcément modifier artificiellement sa personnalité, il existe toujours une ou deux actions à mettre en place pour améliorer sa cote auprès de ses spectateurs.
Nathalie Dechy (avant de devenir l’excellente commentatrice sportive que l’on connait) se demandait à la fin des années 90 (alors qu’elle était joueuse) pourquoi les médias français se focalisaient essentiellement sur sa contemporaine Amélie Mauresmo. Est-il compliqué de chercher les raisons pour lesquelles le grand public préférait alors une fille souriante, naturelle, joviale qui jouait un tennis d’attaque complet, tonique, puissant et spectaculaire à une fille sérieuse, appliquée, régulière mais qui souriait aussi souvent qu’elle montait au filet (deux fois par match) ? Présenté comme ça, la réponse vous parait évidente. Cependant rien n’est jamais totalement figé et on connait des exemples de joueurs détesté au début de leur carrière qui sont devenus des stars par la suite.
J’ai listé une dizaine de pistes qui vous permettront d’améliorer votre popularité si tel est votre objectif.
1 Sourire sur le court
Ivan Lendl, le tchèque en blanc des années 80, ne souriait jamais sur le terrain. Son unique sourire de la semaine était pour la photo de remise de son chèque. Il n’a jamais eu les faveurs du public et un spectateur australien l’a même traité un jour de tête de rat crevé. Il n’y a qu’au crépuscule de sa carrière que le public à commencé à timidement l’encourager, touché certainement par les efforts qu’il déployait pour se détendre et casser son image. Gustavo Kuerten (3 fois vainqueur à Roland Garros) est devenu instantanément le chouchou du public parisien. Il souriait tout le temps, riait même de ses erreurs et dégageait une joie de jouer et de vivre particulièrement communicative. Plus ambigüe était le sourire de Martina Hingis, un sourire énigmatique comme celui de la Joconde. Ce sourire, appris comme un moyen de défense contre la frustration et l’agressivité de l’adversaire, laissait toujours planer un doute quand à sa sincérité. Dans ce dernier cas le public était partagé.
2 Jouer un jeu spectaculaire
Engagement physique, volées claquées, plongeons, stop-volées, coups joués dos au filet voire entre les jambes, smash fracassant, missiles de coup droit, revers fulgurants frappées long de ligne. Si ces termes vous sont inconnus, il est temps d’élargir votre vocabulaire tennistique.
3 Prendre des initiatives
Le grand public préfère les créatifs que les gestionnaires. Si vous attendez la faute de votre adversaire pour marquer le point. Si vous attendez qu’il attaque pour contre-attaquer. Si vous mettez 25 échanges en moyenne avant de terminer le point. Alors ce n’est pas pour votre jeu que le public se déplacera vous voir. Le public de toutes façon n’aime pas les échanges (trop) long trop systématiquement.
4 Jouer un jeu puissant plutôt que subtil
La génération des radars à service sur les tournois pros à la fin des années 80, s’est accompagné de l’apparition aux état-unis de l’effet “Oh! Aaah!”. Après avoir servi un terrible service gagnant applaudi comme il se devait (Oh!), les spectateurs en voyant la vitesse affichée sur le tableau s’extasiaient une deuxième fois (Aaah!). Il faut bien prendre en compte le fait que le public préfèrera toujours voir un feu d’artifice que de passer une soirée autour d’un feu de camp animé par un clone d’ Hugues Auffray.
5 Etre surdoué plutôt que laborieux
André Agassi ou John Mc Enroe étaient il y a quelques années parmi les joueurs les plus demandés par le public. La presse les qualifiait régulièrement de super-doués car ils semblaient s’entrainer moins que les autres, tout en les surclassant sur le terrain. Nous sommes tous plus volontiers attirés par les pouvoirs résultant d’un don céleste presque magique plutôt que par les pouvoirs résultant du travail acharné et du sacrifice de soi. Les laborieux nous renvoient à notre condition d’être humain, obligés de travailler pour réussir. Maintenant, si on regarde les deux athlètes précités, on s’aperçoit que c’est loin d’être aussi simple que ça.
Mac Enroe n’était pas réputé pour être un féru des séances de musculation quand il était à l’université, mais d’un autre côté il faisait partie de l’équipe de basketball et de l’équipe de football de son école. Il préférait simplement, pour développer son physique, une bonne partie de football ou de basket à un footing. Mc Enroe ne faisait pas (ou très peu) de gammes sur les terrain d’entrainement. C’est oublier un peu vite que ce grand joueur à été pendant trois ans n°1 mondial en simple et en double simultanément. Jouer et gagner les compétitions de double était son entrainement.
Agassi possédait une technique ébouriffante qui lui permettait de frapper des coup droit à 180 km/h dans toute les positions et à toutes les hauteurs de balles et pourtant il semblait très peu s’entrainer sur les tournois. Ce que l’on ne savait pas c’est le degré ahurissant de l’intensité de l’entrainement qu’il a subi avant son adolescence. Son père se faisait fort de lui faire frapper 2500 coups par jour à l’aide d’une machine diabolique. L’ objectif était de lui faire frapper 1 million de coups par an. Agassi n’avait pas besoin de faire des gammes, il les avait déjà faites dans sa jeunesse.
En conclusion, ce n’est pas parce que vous communiquez sur votre gout immodéré pour l’effort et le travail que vous serez plus aimé du public pour autant. Il est beaucoup plus efficace de travailler discrètement en feignant nonchalamment d’être simplement doué.
6 Soignez votre apparence
Les chouchous du public ont tous en commun d’être looké. Rafael Nadal au début de sa carrière a fait exploser les ventes de pantacourt, de tee-shirt sans manches et de bandanas. Roger Federer joue sur l’accord des coloris sans cesse renouvelés de ses tenues et accessoires. Les soeurs williams dessinent elles même leurs tenues en collaboration avec les couturiers de leur équipementier. Maria Sharapova est de plus en plus glamour à chaque tournoi. La tenue vestimentaire fait partie du show. Sur les terrains comme dans la vie professionnelle, l’habit fait le moine.
7 Soyez fair-play
Remarquez comment le geste du joueur qui efface la trace litigieuse est appréciée par le public et vous comprendrez l’importance de ce point précis. En plus cela ne nuit pas loin de là à vos performances.
8 Communiquez avec le public
Yannick Noah (le joueur des années 80), champion toute catégorie de la transmission d’émotion transformait le court en scène de théâtre. Assister à un match de tennis du champion sur le court ou mieux derrière son téléviseur revenait à vivre une expérience totale. Bien aidé en cela par les réalisateurs qui cadrait souvent sur son visage expressif, Noah nous faisait passer par tous les états : le rire quant il plaisantait avec le public, le bonheur intense quant il gagnait, la joie quand il dansait sur le court, La colère quand un arbitre ou un adversaire le “volait”, la souffrance quand il peinait ou l’ inquiétude quand la douleur des vieilles blessures se réveillait. Jamais joueur français n’a été aussi populaire. Le public actuel à souvent la nostalgie de ces joueurs expressifs auxquels il pouvaient s’identifier et n’arrivent pas toujours à se passionner pour les combats d’androïdes athlétiques, murés dans leur concentration, que l’on voie aujourd’hui.
9 Jouer les matchs par équipe
Dans la vie, on reçoit à la mesure de ce que l’on donne. Pour le tennis, on peut reprendre ce vieux principe. Cédric Pioline a eu deux vies dans sa carrière de joueur, la vie avant la coupe Davis et la vie après. Son déficit de popularité au début de sa carrière, n’avait rien à voir avec ses 9 finales de tournoi perdues consécutivement ou à cause de ses grosse erreurs de centrage qui propulsaient parfois sa balle dans les étoiles. Son obstination à ne pas jouer la coupe Davis provoquait plus surement l’incompréhension d’une partie du public. Après deux saladiers d’argent ramené au pays en 1996 et 2001, tous ses différents avec le public français s’étaient évaporés. Il réussi même à se faire nommer directeur du tournoi de Paris Bercy en 2003 alors qu’il avait fait un bras d’honneur à une partie du public parisien lors de ce même tournoi en 1996 (face au russe Kafelnikov). Plus proche de nous, si vous n’avez jamais défendu les couleurs de votre club lors de matchs par équipe sautez le pas. Vous découvrirez des sensations nouvelles de partage, d’empathie, de convivialité… Votre jeu, en plus, s’améliorera.
10 Ne pas passer son temps à râler
Gilles Simon vient de se qualifier à la nuit tombante pour le troisième tour du tournoi Roland Garros 2011 face à son compatriote Jérémy Chardy. Il s’exprime après le match :
“Je suis très énervé et j’ai du mal à me calmer/…/sur une échelle de 1 à 10 niveau plaisir, c’était zéro./…/je pose une question simple à laquelle personne n’est capable de me répondre : jusqu’a quelle heure on joue ? A Wimbledon c’est 20 heures, c’est carré. Là on ne sait pas. On se les gèle et on se dit qu’il faut finir le match avec deux trois gouttes de pluie qui tombent… On pense à Fish (son prochain adversaire) tranquillement à l’hôtel parce qu’il a joué en deuxième match dans la journée/…/Pourquoi on avantage un Américain à Paris? Il faut m’expliquer ? (in le journal l’équipe du vendredi 17 mai 2011).
Gilles Simon est un joueur particulièrement intelligent tant dans son jeu que dans ses analyses mais il faut avouer qu’il nous a réalisé ici un festival.
Il a la chance de vivre de sa passion et trouve le moyen de dire qu’il ne prend aucun plaisir sur le court (je vous rappelle qu’il a gagné le match!).
Il a la chance d’être licencié dans un pays qui organise un des plus beau tournoi du monde et laisse entendre que chez le voisin (Wimbledon) c’est mieux organisé.
C’est vraiment inhumain de laisser deux joueurs continuer leur partie alors qu’il fait froid et humide dehors (une qualification pour le troisième tour = 42 000 € d’assuré).
Il montre un total manque de compréhension des programmateurs, qu’il soupçonne même, d’avantager son adversaire.
Maintenant fermez les yeux et imaginez la réaction et l’attitude d’un Rafael Nadal en conférence de presse d’après match dans une situation similaire… Gilles aurait du cette fois-ci se cantonner à ses excellentes analyses techniques d’après-match.
11 Montrer de la combativité (ou au moins faire semblant…)
Marion Bartoli qui s’obstine à enfreindre la règle n° 9 (non participation à la coupe de la fédération), vient enfin de gagner le soutien du public parisien en ce vendredi 27 mai 2011. Menée par l’allemande Gorges, elle se met alors à jouer sur ses qualités d’attaquante de fond de court et rentre dans le terrain avec l’abnégation d’un kamikaze. Mieux encore, elle communique avec le public et échange avec lui sa joie de retrouver enfin de bonnes sensation sur terre battue. “Le public adhère car il la voie se battre du premier au dernier point, assure Alexandra Fusaï. Elle peut perdre le premier set et rester à 100%. Elle a une attitude positive. Le public se retrouve là-dedans.”(l’équipe, dimanche 29 mai 2011). Le même jour, Jo Wilfried Tsonga sombrait au cinquième set contre le suisse Stanislas Wawrinka après avoir mené de deux sets et d’un break dans l’incompréhension générale. On peut admettre qu’au bout de trois heures d’un tennis intense on ait un coup de pompe, mais omettre de seulement feindre qu’on est nullement affecté est grandement préjudiciable à son image. Jo à perdu des points au baromètre de la popularité ce jour là.
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