Comment j’ai vu en une journée les meilleurs joueur de tennis du monde, mon idole tennistique, une équipe de double irréelle, l’enthousiasme populaire des fan de tennis, l’ambiance feutrée de l’univers des happy few, la ferveur des connaisseurs sur les courts annexes, du show, des futurs stars et le numéro un mondial de la spécialité.
L’année dernière j’avais une lubie qui était de voir jouer Roger Federer en live avant qu’il ne se décide à raccrocher ses tennis. Pressentant qu’il ne jouerait pas Bercy l’année dernière, j’avais pris mes vacances la semaine du tournoi de Bâle. Malheureusement, je fus freiné psychologiquement par les tarifs exorbitants pratiqués par les organisateurs helvètes. Mettre le prix d’un séjour d’une semaine tout compris au soleil ou à la montagne dans deux malheureux billets d’entrée pour voir du tennis n’était décidément pas envisageable. Ayant pu obtenir de mon employeur, en cette année 2013, la semaine du tournoi de Bercy et la conjonction des évènements faisant que Roger Federer avait de grandes chance d’y participer, je m’acquittai donc du droit d’entrée pour une journée complète de tennis à l’occasion des huitièmes de finale du BNP Paribas Masters.
Un préalable agréable et inattendu
Invité par le site We are tennis, pour la journée complète du lundi en gradin, j’avançais d’une journée mon séjour parisien. Cette mise en bouche me permet de faire quelques repérages et de découvrir le court numéro un, que l’on appelle aussi le court des passionnés de tennis et d’où l’on peut suivre les matchs au bord du court. La capacité des court annexes 1 et 2 est de 600 places contre 14.000 pour le court principal. L’ambiance y est beaucoup plus chaleureuse et le public beaucoup moins excité. J’accorderai ma palme du jour à un très intéressant Philip Kholschreiber/Andréas Seppi qui me permet de me régaler du jeu créatif et atypique de l’allemand. Je deviens pour l’occasion fan du magnifique revers à une main de Phillip.
La session du soir sur le court principal démarre mal pour les français puisqu’en premier match un Julien Benneteau fatigué se retrouve inexorablement asphyxié par la longueur de balle du métronome japonais Kei Nishikori. Benoît paire fera t-il mieux face au surprenant qualifié Pierre-Hugues Herbert ? Le match est décousu mais émaillé de quelques éclairs de génie tennistiques venu autant du coté Paire (Benoît) que du côté Herbert (que l’on appelle aussi P2H). P2H me fait penser au Federer de ses débuts qui prenait la balle hyper tôt et alternait tennis-champagne et toiles improbable. Si Pierre Hugues parvient à dompter son beau tennis d’attaque, de beaux jours s’offrent devant lui. Quant à Benoit Paire, diminué par une blessure, copieusement sifflé par le public et finalement défait par son jeune compatriote, je ne l’accablerai pas et le remercierait même de nous avoir offert une splendide démonstration de bris de raquette qui a eu le mérite de réveiller un peu le public populaire du POBP.
Retour à Bercy en VIP
Décontracté par la différence de prix entre la billetterie de Bâle et celle de Paris (en nette faveur de celle de Paris) et n’ayant trouvé personne pour m’accompagner, je me suis offert des places en catégories carré or (dans les coins en bas) pour la journée du jeudi avec au programme l’intégralité des huitièmes de finale. Après avoir découvert le Bercy populaire du haut des gradins je me confrontai alors au gratin des spectateurs de tennis parisien.
Il est vrai que les tarifs de ces places carré or ne sont pas spécialement bon marché mais vous avez accès direct au court par la porte 35 d’où vous traversez le village des sponsors avec l’espace Rolex ainsi que des couloirs bien décorés.Il y a aussi les toilettes privatives, l’espace bar et restauration (Le Lounge) où vous pouvez, contrairement au Bercy d’en haut (des gradins), consommer de l’alcool.
Des hôtesses et (hôtes) m’accompagnent à ma place et me voilà bien à mon aise pour suivre mon premier match de la matinée qui oppose Stanislas Wawrinka à Nicolas Almagro.
Enfin du Tennis
Je suis scotché par le niveau de jeu des deux joueurs et le couple de suisse devant moi est visiblement aussi enthousiaste. Les échanges sont rythmés et la longueur de balle impressionnante, j’ai la nette impression que le niveau de jeu est monté de plusieurs crans depuis lundi. Stan se montre à la hauteur de ses bonnes dispositions actuelles et s’impose en deux sets. Je décide alors de m’aventurer voir ce qui se passe au niveau de la patinoire qui abrite pour le temps du tournoi le court numéro 1, ce qui me permettra au passage d’avaler un petit sandwich.
Au Lounge (le bar restaurant VIP) c’est menu gastronomique et service à table (trop lent pour moi). Pas de temps à perdre (ni d’argent), je suis là pour voir du tennis et je mangerais mieux un autre jour.
Le tennis pro ce sont aussi des matchs de double
Arrivé sur le court 1, j’assiste à deux matchs de double. Le premier oppose la paire espagnole Verdasco / Marrero à la paire Roumano-biélorusse Myrni / Tecau. Les espagnols s’inclinent sur une balle de match de toute beauté avec plusieurs retournements de situation, lobs, smash et séquence volée-volée. Dans le tennis pro actuel, si on veut voir des joueurs volleyer, assister à des rencontres de double est une bonne option.
Il est vraiment dommage que cette discipline soit un peu délaissée par le public et les médias alors qu’elle peut générer des grands moments de tennis. Le deuxième match de double auquel j’assiste met aux prises une paire franco-serbe (julien Benneteau associé au serbe Zimonjic) et une paire pakistano-néerlandaise (Qureshi qui fait équipe avec Roger). Je dois vous avouer que je n’avais jamais entendu parler de cette deuxième paire mais c’est elle qui s’impose en toute logique puisque mieux classée et qualifiée pour les masters de Londres.
Une finale de masters 500 en toute intimité
Je m’emporte un peu sur ce titre ronflant, Dimitrov s’étant imposé cette année sur un master 250 à Stockholm mais Del Potro s’est bien imposé à Bâle (masters 500) la semaine d’avant le tournoi Parisien et c’est l’affiche étonnante qui nous est proposé à présent sur ce petit court. Après avoir fait des pieds et des mains pour voir jouer Roger Federer, je ne pouvais pas manquer l’occasion de voir jouer son successeur « baby Fed » dans le domaine du relâchement et de la variété technique. En plus il était bien trop tard pour aller soutenir un Gilles Simon complètement laminé par David Ferrer sur le court principal.
On reconnait effectivement une filiation entre Grigor Dimitrov et Roger Federer dans le relâchement général, la flexion des jambes et surtout quand le Bulgare démarre ses jeux de retour par des revers coupés agressifs joués en avançant. Je m’aperçois très vite que c’est une tactique délibérée de Dimitrov que de faire jouer à Juan Martin Delpotro des coups au rebond très bas. Cette tactique s’avère payante puisque baby Fed remporte le premier set contre la tour de Tandil.
C’est le moment que je choisi pour remonter sur le court principal ou John Isner a déjà remporté le premier set face à Novak Djokovic. Il est bien entendu hors de question que je rate l’entrée sur le court de Roger Federer dans le match qui suit.
Fin de journée sur le court principal et apparition De Roger Federer
Pendant que le Serbe se débarrasse du géant américain dans un final très offensif, je remarque que le monstrueux lift de la deuxième balle d’Isner gêne finalement beaucoup moins Novak que Rafa. Rapport sans doute à une position de retour beaucoup plus près de la ligne de service. Une position avancée qui lui permet de prendre la balle avant que celle-ci ne lui remonte au-dessus de la tête.
Sitôt le match terminé, mes voisins s’absentent pour aller boire un verre ce qui me laisse le loisir d’attendre l’entrée en scène de celui que je suis spécialement venu voir jouer. Un instant plus tard le match est déjà plié et Roger Federer s’est imposé en deux sets face à Philip Kholschreiber. J’exagère à peine tant ce match m’a paru rapide. Roger s’est montré égal au fantastique joueur qu’il peut être : totalement fluide dans sa gestuelle, aérien dans ses frappes, furtif dans ses montées au filet, pétillant dans ses volées et particulièrement percutant dans ses coups droits. Quand son dos le laisse tranquille, le suisse prouve qu’il a une longueur d’avance sur les autres joueurs en ce qui concerne la maîtrise de la variation des effets.
Service à l’apéritif suivi de la crème du double en dessert
La journée étant terminée sur le court principal, je me dirigeais vers le court numéro un avec dans l’idée de voir jouer les champions incontestables de la spécialité : les frères Bryan.
Après avoir patienté quelques instants pour rentrer sur mon court annexe préféré, je peux gouter à la fin de la bataille de service entre Thomas Berdich et Milos Raonic. Le court, bondé de spectateurs, semble presque trop petit pour accueillir de telles forces de la nature tennistique aux proportions démesurées et dont les services provoquent le plus souvent un double Bang (la frappe dans la raquette suivie du fracas du panneau publicitaire du fond du court).
Le court se vide après la victoire de Berdich alors qu’un match de double de haute-volée se prépare puisque qu’aux jumeaux américains sont opposé les spécialistes Polonais Fyrstenberg/ Matkowski. C’est malheureusement le moment que choisit mon appareil photo pour rendre l’âme.
Je me régale de voir la complémentarité parfaite entre les deux joueurs de chaque équipe et regrette presque qu’ils soient si forts. Les services sont quasiment systématiquement suivis d’une interception définitive du volleyeur, les échanges sont particulièrement courts et les balles de break sont rares. Les américains s’imposent sur le fil au super tie-break et je me demande comment deux vrais jumeaux tellement synchrones qu’ils sautillent de concert peuvent l’un jouer de la main droite et l’autre de la main gauche.
Victoire française et tennis brutal pour terminer
C’est totalement futile, mais je tenais absolument à voir les deux jumeaux Bryan se frapper la poitrine à l’issue de leur victoire. Heureusement, je peux rejoindre le court principal à temps pour voir la fin du match entre Richard Gasquet et Kei Nishikori et mesurer les progrès qu’a réalisé le français ces dernières années.
Le match se termine d’ailleurs sur deux échanges spectaculaires dans les diagonales de revers ou Ritchie adore emmener les joueurs droitiers. Le français qui maîtrise complètement ce schéma de jeu prouve qu’un bon revers à une main peu largement tenir tête (voir plus) face à un revers à deux mains.
Le final de cette journée de tennis est éblouissant puisqu’il met face à face deux styles de joueurs qui n’ont en commun que leur formidable puissance physique. D’un côté un grand droitier Polonais, le filiforme, nonchalant et instinctif Jerzy Janowicz de l’autre un gaucher espagnol talentueux, méthodique et accrocheur : l’irrésistible Rafael Nadal.
Dès le début du match Janowicz assomme Nadal de points gagnants et j’admire l’espagnol de rester au contact devant un tel déferlement de services, coup droits et même amorties gagnantes. Dès que Rafa en a l’occasion (dès qu’il parvient à toucher la balle en fait) il enclenche le rouleau compresseur et fait gicler quelques coup droits liftés particulièrement violent qui finissent par mettre à la peine le fantasque slave. L’empoignade est de toute beauté et les échanges parfois proprement époustouflants. Nadal finit logiquement par prendre le dessus même si Jerzy nous gratifie des quelques mémorables coups d’éclat comme ces deux retours de coup droit que l’espagnol n’a probablement même pas vu passer. Ce Polonais a décidément de la folie dans son jeu et il pourrait bien jouer les premiers rôles dans le circuit d’ici quelques années. Quant à Rafael Nadal, je suis admiratif des efforts qu’il a consenti pour enrichir son jeu et pour tout vous avouer, je suis presque devenu fan de ce joueur qui m’ennuyait profondément il y a quelques années.
Et vous, quel sont les joueurs et joueuses que vous préférez voir en live ? Je vous invite, comme d’habitude, à exprimer votre amour du tennis-spectacle dans les commentaires ci-dessous.
Bravo Vincent, Je n’ai pas pu avoir de places pour le 1er novembre, mais tes commentaires me donnent l’impression d’y être! Voir jouer Federer de si près est une chance énorme et tu as bien raison d’avoir choisi des places VIP. Tu t’es vraiment régalé et cela se ressent.
Cela me fait penser aux qualifications de Roland-Garros ou l’on peut voir sur les courts annexes la qualité de jeu au plus près. La puissance, la régularité, l’explosivité, la précision, tout est fantastique! Et ce ne sont que les qualifs! AU plus haut niveau c’est encore sublimé, mais là c’est de plus loin…
Merci Gilles pour ton commentaire,
Les amateurs de beau tennis n’ont pas vraiment besoin de se ruiner pour profiter d’un spectacle de tennis exceptionnel.
Si vraiment vous avez un budget limité, prenez donc des places en tribune populaire (prix abordable) et filez sur le court numéro 1 ou vous pourrez admirer les champions au bord du court. le jeudi 31, il y avait Del Potro/Dimitrov et Berdych/Raonic plus des doubles, admettez qu’il a pire comme programme !
Vincent