Le service est le coup qui démarre le point. C’est le seul coup du tennis ou l’on ne dépend pas de l’adversaire et dont on est l’entier responsable de la réussite ou de l’échec. C’est aussi le coup le plus complexe techniquement et dont l’apprentissage et la maîtrise sont les plus long pour le débutant.
Le service, quand il est joué au-dessus de la tête et correctement doit vous octroyer un avantage initial immédiat sur l’adversaire. Comme le joueur d’échec qui joue avec les blancs, le serveur à l’initiative (attaque) et doit s’efforcer de conserver cet avantage au cours du point.
Une fois que vous aurez maîtrisé le geste technique, et toutes ses variantes. Le service deviendra peut-être votre arme la plus sûre.
première balle et deuxièmes balle de service
Le tennis est le seul sport de raquette moderne dont l’engagement donne droit à deux essais. On attribue ce particularisme au bon roi Henri VIII d’Angleterre. Cet illustre pratiquant du jeu de paume dont l’embonpoint et la maladresse posaient problèmes, avait décrété qu’il aurait droit à deux essais pour engager. L’usage se serait généralisé et transmis au jeu de tennis.
Ainsi, le joueur de tennis dispose de deux essais pour mettre la balle dans le carré (en jeu). C’est cette particularité qui a permis une évolution de ce coup vers l’arme offensive que l’on connait aujourd’hui. Il est à noter qu’au 20eme siècle il a été question plusieurs fois de supprimer cet avantage du serveur dans le but de rétablir l’équilibre des forces entre le serveur et le relanceur. Mais la physionomie du jeu aurait alors radicalement changée.
En pratique l’objectif des premières et deuxièmes balles varie sensiblement.
La première balle est destinée à bousculer l’adversaire par une prise de risque dans la cible visée ou dans la vitesse imprimée à la balle (ou les deux à la fois). Le serveur peut alors soit gagner le point directement (ace, service gagnant), soit indirectement sur une balle courte de l’adversaire.
La deuxième balle est destinée à mettre la balle en jeu pour éviter la double faute. La prise de risque sur la deuxième balle est moins importante. Le serveur se prend une marge de sécurité par rapport aux lignes extérieures et par rapport au filet. La vitesse de balle est moindre de part un effet imprimé à la balle. On notera que si la deuxième balle va généralement moins vite, l’effet imprimé à la balle et son rebond peut rendre ce coup sécurisé aussi difficile, voire plus, à retourner que la première balle.
Les débutants ont tendance à frapper leur première balle comme des mules avant de proposer un ralenti de leur geste en deuxième balle. Les bons serveurs équilibrent leurs deux balles pour proposer à la fois un pourcentage élevé de premières balles et une deuxième balle dangereuse.
Le pourcentage de premières balles réussi est par ailleurs un indicateur important du niveau de forme d’un joueur.
Différentes évolution du service
Avant que l’anglais Arthur Myers n’aie l’idée de frapper son service au-dessus de sa tête on servait par en dessous à la cuillère. Même si le règlement l’autorise encore, servir à la cuillère est complètement inefficace sauf pour déstabiliser l’adversaire.
Au départ le règlement obligeait le serveur à garder les deux pieds au sol derrière la ligne de fond pendant l’ensemble du mouvement.
Le règlement actuel autorise (depuis 1958) le serveur à frapper son service les deux pieds décollés du sol et ce même à l’intérieur du terrain. Le geste du serveur moderne inclue une flexion des jambes qui entraine un petit saut.
La seule obligation est donc de démarrer les deux pieds au sol dans une zone située derrière la ligne de fond entre le prolongement imaginaire de la marque centrale et de la ligne de côté (du côté inverse du carré de service visé). Le serveur ne doit en aucune manière changer de place soit en marchant soit en courant (faute de pied). On pourra remarquer que des petits mouvements de pieds sont néanmoins permis.
Le joueur qui sert à droite dans le carré gauche adverse A, doit se situer dans la zone B.
Le carré de service
Le serveur sert alternativement dans le carré gauche et le carré droit en partant respectivement de la partie droite et de la partie gauche du terrain.
« La balle de service doit passer en diagonale au-dessus du filet et toucher le sol dans le carré de service opposé avant que le relanceur ne la renvoie » (extrait règlement Fédération Française de tennis 2009).
Le carré de service, jamais assez grand pour les joueurs de tennis débutant, est en réalité un rectangle de 6.40 m de long sur 4.115 m de large.
La faute de pied
Grand objet de débat pour lequel je pourrais consacrer un article entier, la faute de pied du serveur si elle est moins populaire que la faute de longueur ou la balle dans le filet n’en constitue pas moins une faute à part entière.
Si l’on se réfère au règlement le joueur ne doit pas
1 changer de place… (Voir plus haut)
2 toucher avec l’un de ses pieds, la ligne de fond de court ou toucher avec l’un de ses pieds, l’espace qui se trouve à l’extérieur du prolongement imaginaire de la ligne de côté.
3 toucher avec l’un de ses pieds, le prolongement imaginaire de la marque centrale.
Très difficile à arbitrer quand il n’y a qu’un arbitre sur le terrain (celui-ci surveillant plutôt la ligne du carré de service et le filet), elle est pratiquement impossible à annoncer quand les joueurs s’auto-arbitrent. Exception notable : dans un match de double, le partenaire du relanceur peut, s’il est au filet, surveiller les pieds du serveur.
La balle let
De l’anglais let (laisser) souvent confondu avec net (qui signifie filet dans la langue de Shakespeare).
Si le serveur touche le filet la bande ou la sangle et tombe bonne, ou si après avoir touché le filet la bande ou la sangle, la balle servie touche le relanceur ou le partenaire du relanceur ou une partie de leur vêtement, le service est à remettre… (Extrait du règlement 2009).
Chaque fois qu’une balle est annoncé let le point est annulé et le serveur doit servir à nouveau, mais un service let n’annule pas une faute antérieure.
Il a été question à la fin des années 80 de supprimer le let car tout cela faisait perdre beaucoup de temps et nuisait au rythme de la retransmission télévisée.
La double faute
Si le service est le seul coup qui donne droit à deux essais, c’est aussi le seul coup qui offre la possibilité de faire une double-faute.
Véritable cauchemar du joueur, elle n’épargne personne. Elle est impardonnable car il est question ici d’un geste répété des milliers de fois à l’entrainement. Et pourtant il arrive que le joueur ou la joueuse sous l’effet de la tension du match soit victime d’une totale désynchronisation psychologique et technique le (ou la) conduisant à ne plus savoir où se situe son bras, son lancer de balle et son plan de frappe.
Cédric Pioline auteur de quatre doubles fautes consécutive dans le même jeu de service à Wimbledon déclare hilare après le match (gagné) « j’ai inventé un nouveau genre, je me suis auto-breaké ».
L’ace et le service gagnant
Le serveur réussit un ace quand la qualité du service prive le relanceur de la possibilité de toucher la balle. Les aces sont réalisés principalement dans deux zones.
1) à proximité du T central, intersection de la ligne de service et de la ligne séparant les deux carrés
2) Dans les coins droit et gauche des carrés (appelés aussi extérieurs).
Par un abus de langage on parle de service gagnant quand le relanceur parvient à toucher la balle du bout de la raquette sans avoir aucune possibilité de la relancer correctement. Les anglo-saxons ne connaissent pas ce terme, puisque pour eux soit on sert un ace (appelé aussi full ace), soit le relanceur fait faute.
Dans les statistiques seul le full ace est comptabilisé.
Les effets du service
Un service peut être frappé à plat ou avec de l’effet
Quand il est frappé à plat de manière compacte, priorité est donnée à la vitesse de la balle. La cible privilégiée du service à plat est le T (voir plus haut). Plus le service se rapprochera du T, plus il sera difficile à rattraper.
Les principaux effets que le serveur peut imprimer à la balle au service sont le slice, le lift et le twist.
Le service slicé
L’effet slicé donné par le serveur fait tourner la balle de manière latérale. La balle moins rapide que la balle à plat aura un rebond plus bas et une trajectoire fuyante. Le slice du droitier aura tendance à fuir du côté du coup droit du droitier. Plus remarquable, le slice du gaucher aura tendance à fuir du côté du revers du droitier. C’est pourquoi le service slicé est très apprécié des gauchers qui le pratiquent dès leur plus jeune âge.
A l’inverse, mais c’est plus rare, les gauchers n’aiment pas jouer contre les droitiers qui slicent trop bien.
Le service lifté
Le service lifté va encore moins vite que le service slicé. Il consiste à donner à la balle un effet d’arrière en avant. Tout son intérêt repose dans son rebond giclant haut sur le relanceur. Le service lifté peut avoir lui aussi une trajectoire fuyante. A ce moment-là, et si vous suivez-bien, le service lifté du droitier fuit légèrement en direction du revers du droitier.
Le service lifté, de par sa trajectoire bombée passe plus largement que les autres styles de service au-dessus du filet. C’est parce qu’il offre un surcroit de sécurité qu’il est très utilisé en deuxième balle.
Le service Twisté
Nous entrons avec ce service dans la catégorie des services à effets dit mixtes, puisque la frappe twistée combine à la fois effet d’arrière en avant et effet latéral. Ce service, dont la maîtrise technique est extrêmement difficile, est quasiment réservé aux très bons serveurs de première ou seconde série française. Si un jour vous avez l’occasion de jouer contre des joueurs de ce niveau vous remarquerez des trajectoires de service et des rebonds anormaux. C’est le twist.
Mickael Llodra a trouvé un très joli néologisme et déclare pratiquer le slift.
A droite, le serveur joue un slice en B1 ou mieux B2. A gauche, le joueur joue un lift en C1 ou C2. Bien placés dans les extérieurs( en B2 ou C2), ces deux types de service vous donnent un avantage considérable.
Merci à Patrice Dominguez (l’amour du tennis chez Plon), à Christian Rieux (les fondamentaux du tennis, édition Amphora) et à la fédération française de tennis (mémo FFT 2009, les règles du tennis).
Pourquoi l’article parle-t-il tout le temps de joueur et de serveur sauf lorsque la double faute est évoquée? Le masculin et le féminin sont alors employés…. Bravo!!!
Bien vu Emilie,
Je plaide totalement coupable sur ce coup là. Merci d’avoir lu mon article jusqu’au bout.
Bonne journée