J’ai eu le plaisir de rencontrer Jean Christophe Faurel au Tennis Club Rochelais à l’occasion des phases finales de la coupe de Galéa-Valério. Cette compétition voit s’affronter chaque année les meilleures équipes nationales européennes des joueurs âgés de 18 ans et moins et Jean christophe avait la charge du capitanat de l’équipe de France.
C’est avec une grande disponibilité et un grand professionnalisme que ce coach de haut niveau a bien voulu nous faire partager un peu de son expérience. Vous apprendrez ainsi comment est née sa vocation d’entraîneur, quel est son rôle auprès de nos jeunes et quelles leçons peut-on tirer de l’observation des joueurs de haut niveau.
Transcription texte de l’interview
L’interview a malheureusement démarré plus vite que mon enregistrement et il vous manquera ma première question dans laquelle je demandais à Jean-Christophe Faurel de me raconter son parcours de joueur qui l’a mené des tournois internationaux professionnels à l’encadrement des espoirs du tennis français. Jean Christophe démarre son récit par la description de sa fin de carrière pro ou la lassitude de la course aux points des joueurs du circuit secondaire a fini tout naturellement par avoir raison de sa motivation de compétiteur, à l’approche de la trentaine.
Jean Christophe Faurel : …/… J’en ai eu ras le bol et voilà, du jour au lendemain, j’ai décidé d’arrêter ma carrière professionnelle¹ et pendant un an j’ai passé le diplôme d’état parce que tout simplement je n’avais pas de diplôme donc j’ai passé le diplôme d’état et pendant ce temps-là, je continuais de jouer pas mal de tournoi français pour gagner un peu d’argent.
Assez rapidement, les choses se sont pas mal goupillées pour moi parce qu’à l’époque il y avait Nicolas Escudé qui m’avait contacté pour que je fasse sparring en Fed Cup et ça s’était super bien passé avec les filles et du coup, à la suite de ça, il m’avait demandé d’accompagner, de faire quelques semaines avec certaines joueuses de l’équipe comme Pauline Parmentier, Julie Coin et une fois de plus ça s’était pas mal passé.
Après ça, j’ai un peu voyagé avec quelques joueurs plus forts comme Nico Mahut ou Jonathan Dasnieres de Veigy et un an demi après y avoir été, la fédération m’a proposé un poste d’entraîneur à l’INSEP. Je suis à ce poste-là depuis 2 ans et demi et c’est vrai que c’est un régal de travailler avec des jeunes comme ça², surtout que là il y a une génération qui est vraiment très très intéressante.
Et donc chaque été, il y a ces fameux championnats d’Europe et c’est la troisième année d’affilé que je suis capitaine soit des 17-18 soit des 15-16. Il y a 2 ans, j’avais été avec les 17-18 ici. L’an dernier c’était avec les 15-16 au Touquet et voilà, cette année rebelote. Pour l’instant donc, l’année dernière et il y a 2 ans, chaque fois l’équipe de France avec moi en tant que capitaine s’est inclinée en finale donc j’espère que ce sera mieux cette année³ !
Vincent Bonnin : Tu as parlé du stress et de la fatigue en tant que joueur pro…
Jean Christophe Faurel : Fatigue mentale !
Vincent Bonnin : Est-ce que en tant qu’entraîneur ce n’est pas aussi stressant de voir les joueurs ?
Jean Christophe Faurel : C’est pire ! C’est pire, mais c’est ce qui rend le métier passionnant et excitant surtout, parce que c’est vrai que j’ai toujours été dans le milieu sportif mais je me dis que ce n’est pas forcément dans tous les métiers qu’on peut ressentir des émotions qui peuvent être aussi importantes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Vincent Bonnin : Voilà, donc ça permet de se rapprocher de ce que tu vivais en tant que joueur de haut niveau.
Jean Christophe Faurel : Ouais ouais mais c’est vrai qu’il n’y a pas toutes les contraintes de l’entraînement…
Vincent Bonnin : Avec des joueurs de haut niveau, qui ont un niveau technique, tels que ceux que tu entraînes, est-ce qu’il y a encore des ajustements que tu peux faire à ton niveau ? Quel est ton rôle exactement ?
Jean Christophe Faurel : Là avec des joueurs de cet âge-là, c’est vrai qu’à 17-18 ans, ils commencent déjà à être pas mal… ils ne sont pas loin d’être finis techniquement. C’est vrai que c’est très compliqué de changer des techniques, je dirais, après 16 ans.
Vincent Bonnin : C’est plus sur l’aspect tactique et l’aspect mental ?
Jean Christophe Faurel : Beaucoup plus sur l’aspect tactique que technique c’est clair et après mental, préparation des matchs… C’est vrai qu’à cet âge-là, par contre, il y a un énorme boulot encore à faire et c’est pour ça que quand on voit taper des jeunes de 17-18 ans et quand on voit taper des pros – quand je dis des pros, j’entends des gars qui sont dans les 200 ou 100 premiers – ben si on les voit joueur comme ça à l’entraînement, on ne va pas forcément faire une énorme différence. Par contre, c’est vrai que sur le court, pendant les matchs, tactiquement, les pros font beaucoup beaucoup moins d’erreurs, ils sont beaucoup plus rigoureux et c’est là que la différence se fait et c’est là notre boulot à nous de formateurs de jeunes – parce qu’ils sont encore en formation – que se fait la plus grosse partie de notre travail.
Vincent Bonnin : D’accord, alors pour terminer cette interview : moi je m’intéresse beaucoup aux joueurs amateurs, notamment ceux qui ont vraiment envie de s’améliorer, avec ton vécu tennistique, est-ce que tu pourrais donner trois conseils aux joueurs de tennis qui veulent s’améliorer, d’après toi ?
Jean Christophe Faurel : Déjà le premier truc, je dirais, c’est le placement, le jeu de jambes. C’est vrai que souvent les joueurs de tennis sont beaucoup trop centrés sur leur technique, leur raquette…
Vincent Bonnin : La gestuelle, le haut du corps…
Jean Christophe Faurel : Voilà, et ils sont beaucoup trop négligeant par rapport au placement, au petit jeu de jambes. Ensuite, je dirais… Qu’est-ce que je pourrais dire ? C’est pas évident ! C’est vrai que c’est pas évident parce j’ai jamais entraîné de joueurs amateurs donc honnêtement je n’ai pas une grande…
Vincent Bonnin : Alors pour un joueur qui serait second de série et qui voudrait commencer à disputer des tournois semi-pros ou professionnels ?
Jean Christophe Faurel : Bah, je lui dirais déjà de regarder beaucoup de matchs de tennis professionnels et de regarder à quel point ils peuvent jouer de manière simple. Voilà, ils tentent très peu de coups difficiles, c’est toujours le coup juste. Déjà rien qu’en évitant de tenter des coups impossibles, cela va leur éviter de faire pleins de fautes, entre guillemets, un peu débile et juste en faisant ça, je pense que ça leur permettra de gagner deux/trois classements assez rapidement. Et puis après je leur conseillerais de travailler physiquement beaucoup parce que c’est vrai qu’aujourd’hui en tennis, je pense que quand on est un bon défenseur – c’est-à-dire être capable de pouvoir courir pendant longtemps, bien défendre son terrain– ben je pense que c’est – surtout à un niveau moyen – ça permet de…
Vincent Bonnin : C’est une bonne base.
Jean Christophe Faurel : ça va permettre de rapporter beaucoup de points parce qu’à ce niveau-là, les joueurs sont pas encore super aguerris dans le jeu d’attaque…
Vincent Bonnin : Bien, Jean Christophe Faurel, je voudrais vraiment te remercier très chaleureusement pour ces quelques minutes que tu m’as accordé et j’espère te revoir bientôt sur les tournois d’équipe.
Jean Christophe Faurel : ça marche !
1 Si vous souhaitez en savoir plus sur la fin de carrière rocambolesque de Jean Christophe, je vous invite à lire cet interview de mon confrère Sacha de la Gazette du tennis.
2 L’équipe de France de Galéa était composée de Maxime Hamou, Enzo Couacaud et Calvin Emery.
3 Malheureusement, si Jean-Christophe a pu égaler sur ce championnat sa meilleure performance, son équipe a du s’incliner en finale, sur le fil, contre la formation italienne.
toujours aussi intéressant !!!! et la passion tjs présente !!!! Bravo !!!!sinon à quand des petits » trucs » tactiques quand on est , par exemple , en mesure d attaquer une balle courte ? long de ligne ou court croisé ou alterner les 2 ? à quand des solutions pour un relachement dans le jeu qui sera dévastateur ….. pour mon adversaire !!!!! et Bravo pour ton classement et ton investissement qui ma permis d avoir encore + de plaisir sur le terrain …que je gagne ou… que je perde !!!!
Merci José,
Je travaille justement sur quelques articles tactique que je devrais publier d’ici quelques mois.
En attendant, la question de savoir quoi faire d’une balle courte pourrait faire l’objet d’un excellent article. On est parfois perdu devant la multitude des possibilités qui s’offrent à nous.
Quant au relâchement, c’est la clef de beaucoup d’amélioration dans notre technique. J’en reparlerais aussi.
Félicitations pour ton excellent état d’esprit. Et à très bientôt sur le blog.
Vincent