J’ai démarré le tennis en 1979 à Rochefort (17). Entre cette date et le milieu des années 80, j’ai eu la chance d’avoir Jérôme Liauzun comme entraîneur pendant plusieurs saisons sportives. Jerôme, qui nous a quitté en 2010, était une figure du tennis régional et surtout un entraineur d’exception. C’est l’entraineur qui m’a laissé les souvenirs les plus marquants. En voici quatre qui me reviennent pour vous écrire ces quelques lignes.
Jerôme était un moniteur exigeant, mais son enseignement était le meilleur à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Il était avare de compliments (à mon sens), mais savait les distiller aux moments clés où on avait effectué des réels progrès. Avoir Jerôme Liauzin comme entraîneur, c’était la certitude de progresser et d’avoir souvent une longueur d’avance sur les joueurs des autres clubs qui ne bénéficiaient pas de ses conseils. Chaque cours commençait par le même exercice.
L’exercice de Hopman
Du nom d’un célèbre entraîneur australien des années 70 surnommé le sorcier qui avait mis au point tout un tas de technique destinée à l’entrainement au tennis en groupe. Avant le début de la démocratisation du tennis (à la fin des années 1970), ce sport était plutôt élitiste et il n’existait pour prendre des cours que la formule des leçons individuelles. Les cours collectifs sont apparus plus tard.
Cet exercice est complètement dépassé aujourd’hui (dans une optique ludique de l’apprentissage à base d’échanges), mais j’avoue qu’aujourd’hui encore, je pense qu’il me plairait de démarrer un entraînement de cette manière particulièrement dynamique.
Pour la partie coup droit ça donnait ça : l’entraineur se plaçait dans les carrés de service et envoyait la balle de son panier vers le coup droit de son groupe d’élève (dans les années 80, les cours se déroulaient à 6 par terrain en moyenne). Chaque élève partait du couloir de gauche et frappait de l’autre côté du court un coup droit devant lui en tentant de viser un baril de lessive (je me souviens que les balles étaient parfois stockées à l’époque dans des barils de lessive) et faisait un tour de terrain (oui, un tour entier) avant de frapper un deuxième coup droit. Chaque élève se succédait dans cette farandole jusqu’à épuisement du panier, avant de recommencer côté revers.
Voilà qui nous mettrait bien en jambe avant les exercices suivants. J’appréciais cet exercice car il me permettait de penser ma technique entre chaque frappe (en courant), ce qu’on n’a pas forcément l’habitude de faire quand on échange à un contre un.
Cet exercice avait aussi l’avantage de nous mettre plus rapidement en condition de jeu au niveau cardiaque. Il pouvait être redoutablement efficace à ce niveau, à la condition que le coach sache bien doser ses balles. Les joueurs rompus à la pratique de cet exercice se forgeaient de véritables physiques d’athlètes.
Le déplacement en crabe
Comment monter sur un revers choppé tout en gardant les épaules parfaitement alignées perpendiculairement au filet ?
Tout simplement en effectuant le très élégant (et plus trop pratiqué aujourd’hui) pas de tango. C’est-à-dire en faisant passer le pied arrière au niveau du pied avant au moment de la frappe.
montée pas de tango par PontdeClaixTennis
Jérôme nous avait proposé une démonstration de la puissance développée par ce mouvement avec cet exercice. Un joueur tire sur une corde pliée en deux qu’un autre joueur s’efforce de retenir. Le joueur qui tire va se mettre instinctivement de côté et se déplacer en crabe pour développer plus de puissance avec ses jambes. L’expression se déplacer en crabe était devenue un motif de plaisanterie entre nous (mais ceci est une autre histoire). C’est d’ailleurs souvent en essayant de déplacer (sans se faire mal) des objets lourd que l’on adopte les positions corporelles les plus efficaces.
Service volée contre une table
C’est déjà difficile de gagner un match contre un mur mais réussir un service-volée contre une table était un défi encore plus difficile à relever. Je dois admettre qu’à l’époque, toucher la table posée sur le T était déjà une petite victoire (1 point) et la puissance dégagée sur mon engagement à l’adolescence ne me permettait pas de faire revenir la balle dans mon terrain (2 points). Réussir à toucher la réplique de la table (3 points) ou encore la volleyer dans le terrain (5 points) était du domaine du rêve à l’époque.
Borg servait à une heure
Chaque entrainement se terminait par un échauffement au service suivi de points. Jérôme prenait souvent sa raquette pour servir avec nous et nous montrer le bon mouvement. J’ai le souvenir qu’il nous avait révélé qu’il avait fait de gros progrès personnel au service en imitant le lancer de balle de Bjorn Borg (le plus grand champion de tennis des années 70). Bjorn lançait sa balle de manière à la frapper à la verticale de son épaule droite (à une heure donc). Cela parait évident énoncé comme cela, mais en observant certains joueurs et joueuses (niveau amateur) frapper leurs service on peut considérer que ce genre de rappel ne peut pas forcément faire de mal.
Voilà, c’est tout ce dont je me souviens, mais il faut dire que ça se déroulait au début des années 80. Aujourd’hui, le club de tennis d’été de ma ville (Rochefort) porte le nom de Jérôme Liauzun et je me prends souvent à regretter de ne plus pouvoir échanger de réflexions avec lui qu’elles portent sur le tennis ou sur d’autres sujets.
Et vous, quel regard portez-vous sur votre premier entraineur, celui qui vous a enseigné les bases du tennis ?
C’était entre 81 et 85, il s’appelait Martial, était prof d’anglais, et classé 15/4. Nous, on était 4 minots d’une dizaine d’années, Christophe, Gaëtan, Lucien et moi. Moi, je suis arrivé en cours d’année. Mes copains avaient déjà appris le coup-droit et en étaient au revers. Alors moi, j’ai appris le revers…et j’ai eu longtemps un coup droit pourri! Les pas de tango sur revers chopé, j’en ai mangé et aujourd’hui, c’est une de mes spécialités! Bon, pour le CD, j’ai progressé un peu quand même : le BE m’a fait travailler « le miroir » cette année et je suis moins fragile de ce côté depuis. Comme quoi, on peut progresser à tout âge…
Super témoignage, merci Steph.
C’est amusant ce que tu écris sur le pas de tango, j’ai joué avant-hier un match très accroché et mon adversaire m’a révélé que mon coup qui lui avait posé le plus de problème avait été mon revers coupé long de ligne (sur son coup droit). Comme quoi le tango à encore un peu d’avenir sur les courts de tennis !
Je viens de tomber sur ce blog par hasard et j’en suis ravi. Personnellement, mon premier coach a réussi à me dégoûter du tennis au début, mais heureusement que ça a changé par la suite 🙂
Bravo à toi Romain d’avoir su persévérer dans le tennis.
N’hésitez pas à changer d’entraineur si la communication est difficile entre vous. Certains tempéraments sont incompatibles.
Pour ma part, mon premier entraîneur était un passionné de technique. On faisait beaucoup d’exercices au panier, et je dois dire que j’aimais ça! Je trouve qu’on accorde beaucoup moins de place à la technique aujourd’hui …
Bonjour Guillaume,
Merci pour ta remarque. Tu as sans doute raison pour la place de la technique dans l’enseignement actuel. J’ai du mal a m’en rendre compte car je suis souvent demandeur de questions technique vis a vis de mes entraîneurs. Donc, si j’ai un conseil à vous donner : n’hésitez pas a questionner vos coach respectifs, ils se feront souvent une joie d’éclaircir pour vous un point technique un peu obscur.
Vincent