Survivre à la guerre psychologique au tennis

Il vous est peut-être déjà arrivé qu’un adversaire use contre vous de techniques de destabilisation psychologique pour faire pencher la balance de son côté. Peut-être vous est-il d’ailleurs arrivé de perdre vos moyens ou de renoncer à jouer face à des joueurs qui pourrissaient le jeu et l’ambiance du match. Cet article vous donnera des pistes pour lutter contre ces joueurs toxiques et remporter cette guerre psychologique au tennis.

Le tennis est un sport de combat…psychologique puisque un filet sépare les deux adversaires mais un sport de combat quand même puisqu’il s’agit d’un duel à l’issue duquel un vainqueur est désigné.

Durant le match, chacun des compétiteurs va s’employer à rendre la vie dure à l’autre, à tenter de le frustrer, de le casser psychologiquement. Certains mènent une véritable guerre psychologique au tennis.

Bien sûr tout cela se fait de manière ludique, conviviale et dans le respect de l’éthique sportive.

Le tennis reste un jeu pratiqué entre personnes responsables, consentantes et j’espère équilibrées mentalement.

La tentation de l’intimidation psychologique

Cependant, pour prendre l’ascendant sur son vis-à-vis, il n’est absolument pas étonnant que certain utilisent des techniques psychologiques parfois douteuses ou du moins tirées par les cheveux. Cet article vous donnera quelques clés pour ne pas tomber dans le piège et continuer à jouer votre jeu.

La guerre psychologique est aussi une composante du tennis amateur

J’ai eu l’idée de traiter ce sujet en lisant le courrier d’un lecteur qui a parfaitement décrit le comportement d’un joueur que je qualifierais de particulièrement gratiné.

Salut, j’ai 34 ans dans quelques jours et j’ai débuté le tennis en janvier. J’ai pris quelques cours particuliers et vient de finir mon premier tournoi. 3 victoires en poules basses contre des 30/4 et une victoire en poules hautes contre un 30/1. Malheureusement deux défaites. J’ai suivi tous tes conseils surtout celui concernant la régularité. J’ai gardé le silence et le calme pendant tous mes matchs (certains ont duré 3 heures…) et je suis tombé sur des vicieux à tous les niveaux. Le pompon revient au 30/1 que j’ai battu hier 7-6 6-1 qui m’a fait croire qu’il avait la grippe et qu’il était blessé, tout en jouant plus de 3 heures sans faire de fautes avec de longs échanges, me racontait sa vie, me comptait les balles importantes fautes, toussait seulement lorsque je servais, trainait des pieds entre chaque point pendant une minute, m’envoyait des grands lobs en systématique fond de court pendant plusieurs jeux sans que je sois au filet, et refuse mon pot d’après match. Cela m’a dégouté du tennis mais j’ai bien su casser encore plus son rythme… Grâce à toi!!!!! Merci encore. Mon prochain tournoi, j’attaque les balles faciles! À plus

Se préparer au pire pour mieux réagir à la guerre psychologique

Dans les paragraphes qui suivent, je vais m’attacher à décrire plus précisément les différentes techniques de déstabilisation psychologiques utilisées dans ce cas pratique. Je vous expliquerai ensuite les méthodes que j’utilise personnellement pour contrer les tentatives adverses de déstabilisation psychologique. Je vous encourage à trouver les votre en fonction de votre personnalité et de votre système de valeur. L’important est de rentrer sur le court avec un maximum de réponse à apporter aux difficultés que va tenter de vous faire subir votre adversaire. Bien entendu, je ne considère pas la fuite (balancer le match) comme faisant partie des réponses satisfaisantes.

Le joueur qui prétend être malade et blessé avant le match et qui dispute de longs échanges pendant trois heures.

Généralement cela peut être l’un ou l’autre. Chez ce spécimen exceptionnel c’est les deux : il est à la fois malade et blessé.

Que ce soit l’un ou l’autre ou à plus forte raison les deux, méfiez-vous. Feindre la blessure en plein match peut être une ruse dans la mesure où dans de nombreux cas la blessure de l’un entraine une difficulté (psychologique) chez l’autre. Contrairement à ce que l’on peut croire de l’extérieur ce n’est pas facile de battre un joueur blessé ou malade.

Pour ma part, après de multiples expériences douteuses, j’ai choisi d’adopter un raisonnement simple, basique presque manichéen. Un joueur réellement blessé, abandonne la partie. S’il continue à jouer, je considère qu’il n’est pas blessé et que ses jérémiades sont du cinéma. S’il n’abandonne pas et que donc il n’est pas blessé, il n’y a aucune raison que je joue différemment et que je sorte du match.

Le bobo très exagéré est une tentative possible d’intox ©Daniel

Le joueur qui raconte sa vie au changement de côté

Ce n’est pas forcément quelque chose de conscient ou de sciemment malfaisant mais le doute est permis surtout quand le jouer se met à vouloir taper la causette pile au moment où il est largement mené au score.

Si vous avez besoin, comme moi, de rester dans votre bulle pour pouvoir exprimer pleinement votre potentiel, faites comprendre explicitement calmement et poliment à votre adversaire que vous ne discutez pas pendant vos matchs…et restez sur vos positions.

Le joueur qui compte les balles importantes fautes

On va passer sur le cas du joueur qui carotte régulièrement les points dès le début du match. Je vais plutôt parler ici du joueur qui se montre normal, voir sportif tout au long du match et qui va juger systématiquement les balles litigieuses importantes à son avantage. Cela a un double impact : le premier est évidement sur le score, le deuxième est sur le moral adverse. Certain se laissent complètement déstabiliser et se découragent face à la soudaine vilenie de leur adversaire. C’était mon cas il y a quelques années.
Aujourd’hui, je ne laisse rien passer et j’adopte la même stratégie quel que soit le moment du match. Je discute, je palabre longuement si besoin mais je fais comprendre à mon adversaire qui ne gagnera rien à essayer de me déstabiliser de la sorte. Cherchez vous une stratégie qui corresponde à votre personnalité et à votre système de valeur pour contrer les carotteurs de points. Et surtout préparez-vous à cette éventualité et répondez à la question : Si mon adversaire me vole des points, qu’est-ce que je fais concrètement.

Discuter longuement dissuadera peut être votre adversaire de faire des annonces pourries ©mirsasha

Le joueur qui tousse uniquement pendant que son adversaire sert

Un grand classique de la tentative de déstabilisation. Faire du bruit pendant le service adverse.

Dans un tel cas (rare heureusement), soit je suis dans un état qui me permet de faire abstraction de l’adversaire et à ce moment-là, je me focalise sur ma cible dans le carré adverse (je ne regarde pas ni l’adversaire ni le carré mais la balle), soit mon adversaire a trouvé quelque chose qui me déstabilise vraiment et je lui fais tranquillement comprendre que je ne reprendrais pas le jeu tant que les conditions ne me permettrons pas de me concentrer normalement.

Faire semblant de tousser fait parfois partie de la guerre psychologique au tennis ©Horizon League

 

Le joueur qui traine les pieds entre chaque point pendant une minute

Plus embêtant. Quelquefois c’est intentionnel, quelquefois c’est l’adversaire qui a vraiment besoin de récupérer. Dans le deuxième cas, je laisse faire car si mon adversaire est déjà mal en point physiquement, je n’ai pas vraiment envie qu’il fasse un malaise sur le court (cas limites chez certains vétérans à l’hygiène de vie approximative).

Quand c’est intentionnel, je le fais gentiment remarquer à mon adversaire en criant « time » ou en lui demandant s’il n’a pas envie de prendre une tasse de thé. Après s’il persiste vous pouvez toujours aller voir le juge-arbitre, lui expliquer le problème et lui demander d’intervenir.

Excuse-moi, je l’ai fait exprès ©Horizon League

 

Le joueur qui envoie systématiquement des lobs en fond de court

Attention, c’est aussi une technique de jeu et pas forcément une manœuvre psychologique. Certains joueurs sont ultra-défensifs, voient le tennis comme une épreuve d’endurance et cherchent à ralentir le jeu et prolonger les échanges jusqu’à la déraison.
Ma posture personnelle contre ce genre d’adversaire est de considérer le match comme une séance d’entraînement au smash.

Le joueur qui refuse le pot d’après-match.

détendez vous après le match ©Classic Film

détendez vous après le match ©Classic Film

Le seul point qui me gêne personnellement. Un joueur peut utiliser un certain nombre de ruses psychologique pendant le match, après tout, c’est de bonne guerre. Une fois le match terminé, en revanche, il est nécessaire de se déconnecter de la partie et d’agir en être humain sociable. Le pot d’après match est un moment privilégié pour échanger avec son adversaire, refaire le match et apprendre sur son propre jeu.

Mon conseil personnel, ne refusez pas de boire un verre après le match avec un adversaire qui s’est montré limite infect sur le terrain. Certain de ces joueurs sont charmants en dehors des matchs qu’ils disputent. J’ai d’ailleurs gardé de très bon contact avec des joueurs avec lesquels j’avais été à deux doigts d’en venir aux mains. C’est comme ça.

Vous pouvez me posez vos questions dans les commentaires et surtout me raconter vos histoires de mauvais joueurs en match, j’adore ça.

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Crédit photo mise en avant : new formula sous licence creative common

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Posté par Vincent

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6 commentaires
  1. Dan 27 avril 2016 at 12 h 39 min - Répondre

    Salut Vincent,
    Excellente l’appellation de joueur « toxique » !
    Comme tu le dis si bien, pas de raison de laisser tout passer systématiquement.
    Cela dit, j’ai bien apprécié ton approche quand à transformer un match contre un « lobber fou » en séance d’entraînement de ton smash.
    Salutations
    Dan

    • Vincent Bonnin 28 avril 2016 at 21 h 20 min - Répondre

      Salut Dan,

      Merci pour ton commentaire. Ma personnalité et mon vécu font que je considère un match de tennis comme sacré (c’est un peu excessif mais c’est comme ça). Donc tout joueur qui perturbe le match dans sa dimension noble et sportive commet pour moi une sorte de sacrilège. C’est pourquoi je ne laisse rien passer (tolérance zéro) afin que le match se déroule le plus normalement possible.Les joueurs adverses comprennent très bien le message.

  2. Steph 19 mai 2016 at 1 h 38 min - Répondre

    Salut Vincent,
    Très intéressant, car effectivement le combat psychologique est règulierement utilisé par certains.
    Il m’arrive parfois d’avoir celui qui ne s’arrête pas aux changements de côté, se montrant impatient pour que la partie redémarre (en faisant rebondir fortement une balle par exemple).
    Dans de pareils cas je reste super zen, en exploitant tout le temps qui m’est donné par le règlement, en mâchant bien lentement ma barre de céréales.
    J’en abuse bien entendu en allant me poser au changement de set sur total de jeux pair…
    Bonne continuation
    Stéph

    • Vincent Bonnin 17 juin 2016 at 9 h 36 min - Répondre

      Bonjour Steph,

      Merci pour ton commentaire,

      Tu adoptes la bonne attitude en ne cherchant pas à rentrer dans le tempo du joueur qui cherche à accélérer le mouvement parce qu’il mène et qu’il voudrait rester sur sa lancée. Au contraire, il est recommander de casser le rythme en utilisant les pauses prévues par le règlement. C’est ce que Lendl appelait la technique de la tortue.

      Enfin s’arrêter à la fin d’un set dont le total des jeux est pair n’est pas abuser : c’est le règlement. En revanche, il est interdit de s’assoir à 1 à 0 en début de set (il faut attendre la fin du troisième jeu).

      Sportivement

      Vincent

  3. Phil0 20 mai 2020 at 15 h 48 min - Répondre

    Bonjour,
    Je voudrais savoir ce que vous pensez de Nadal. Il attend la fin du temps qui lui est impartie pour servir.
    Ca ne l’empêche pas d’être un grand champion; mais cela ne peut il pas destabiliser l’adversaire ?

    • Vincent 24 mai 2020 at 6 h 59 min - Répondre

      Bonjour Phil,

      Le problème de Nadal, c’est qu’il ritualise à l’extrême sa préparation au service. Il reproduit en effet à l’identique 60 gestes avant chaque service (se tape la chaussure, tire son short, remet son bandeau, se touche l’oreille). Ce qui fait qu’il est toujours très limite voire dépasse le temps règlementaire. Est ce que ça gène ses adversaires? Il faudrait pouvoir leur demander. J’ai plutôt l’impression qu’il a une sorte d’accord tacite entre les deux parties (les adversaires de Nadal ayant aussi besoin de reprendre leur soufle entre deux échanges). Nadal plutôt des problèmes avec les arbitres et les spectateurs qui s’agacent de ces dépassements de temps.

      Sportivement

      Vincent

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