Tennis tridimensionel

Le tennis tridimensionnel ou comment trouver le placement idéal en coup droit

Milos Raonic en coup droit

Milos toujours placé au millimètre en coup droit ©Christopher Hynes

Bien se placer par rapport à la balle est une qualité que l’on travaille tout au long de sa progression de joueur. Très problématique durant l’apprentissage, le placement par rapport à la balle s’affine naturellement avec une pratique régulière sur le court. Mais comment trouver au plus vite ces fameuses distances qui font la différence entre un coup régulier et précis et une remise de balle approximative ?
La géométrie dans l’espace vient à notre secours dans cet article qui vous expliquera comment maîtriser plus vite les trois dimensions du placement.

La première distance à trouver pour bien se placer

On prendra pour illustrer l’exemple d’un coup droit joué sur une balle qui rebondit parallèlement à la ligne de couloir.

Tennis tridimensionel

Trois dimensions sur un court de tennis ©Vincent Bonnin

Quand un joueur (ou une joueuse sur la photo) frappe une balle, nous pouvons observer qu’il se situe à un endroit défini par sa position sur un axe des X (appelé ici largeur) ainsi que sur axe des Y (appelé ici longueur).
Le joueur ou la joueuse doit dans un premier temps s’arranger pour être à bonne distance de la balle (en largeur) pour pouvoir frapper correctement. Cette distance X1 est matérialisée ici par la flèche rouge.
Le principal défaut des débutants et joueurs amateurs est de se placer trop près de la balle. Si vous êtes trop loin en largeur, vous ne pourrez pas toucher la balle (mais c’est plus rare comme défaut). Pour travailler sur votre distance idéale X1, je vous conseille de commencer par imaginer mettre entre vous et la balle une distance d’un bon mètre (c’est une moyenne). Cette distance est bien évidement à adapter à votre taille, la taille de votre bras et celle de votre raquette.
Une fois placé en largeur à distance X1, vous pouvez tranquillement vous déplacer sur l’axe Y des longueurs. Vous avez fait, à mon sens, le plus dur. Vous pouvez, en effet, frapper correctement votre coup droit à différents points de l’axe Y. Vous serez simplement plus ou moins à l’intérieur du court.
L’axe des longueurs y est ici parallèle à la ligne de couloir, car j’ai pris l’exemple d’une balle qui arrive le long de la ligne. Dans le cas d’une balle jouée croisée par l’adversaire, si la distance X1 ne change pas, l’axe des Y devient oblique et parallèle à la trajectoire de la balle.

Se placer en longueur : l’influence du plan de frappe

Quand le joueur qui se déplace sur l’axe des Y a décidé de s’arrêter en Y1 et de déclencher sa frappe, il frappera sa balle en Y1’. Une coordonnée qui se situera généralement en avant de Y1. La distance qui sépare Y1’ de Y1, dépend du plan de frappe.

Quand vous frappez un coup droit, l’endroit où la balle entre en contact avec le cordage s’appelle le plan de frappe. Ce plan de frappe se situe plus ou moins en avant de votre corps. La distance qui sépare alors votre raquette de votre corps dans cet axe d’arrière en avant, est matérialisée sur la photo par la longueur Ybis.
Pour savoir sur quel point de l’ordonnée Y’ est frappé la balle, il suffit de prendre le point de Y sur lequel est situé le joueur et d’ajouter la distance Ybis qui le sépare de son plan de frappe.

Plan de frappe au tennis

Plan de frappe au tennis ©Vincent Bonnin

Sur le schéma, on voit que la joueuse est située en Y1 mais que la frappe se situera en Y1’. Y1’ étant l’ordonnée Y1 où se situe la joueuse augmenté de la distance Ybis du plan de frappe.
Le plan de frappe dépend du geste technique du joueur. La prise de raquette à une grande influence sur ce paramètre. Plus elle est fermée, plus le plan de frappe se déplace vers l’avant. Une fois que la technique est assimilée et fixée par le joueur, le plan de frappe ne bouge pas d’un coup-droit à l’autre. Quand le joueur à le temps (ou prend le temps) de frapper son coup-droit, il va naturellement frapper la balle avec le même plan de frappe.
La seule exception notable est quand le joueur qui a l’habitude de jouer un coup lifté avec une prise fermé se retrouve à frapper un coup de défense coupé avec une prise ouverte. Sur les coups coupés, le plan de frappe est beaucoup plus en arrière. C’est la conséquence d’une prise plus ouverte. Mais vous l’avez noté, il y a ici changement de prise de raquette.
Techniquement parlant, il est préférable de frapper la balle en coup-droit en avant de son corps. Un défaut courant des joueurs amateurs (moi, y compris) est de frapper leur coup droit avec un plan de frappe situé trop en arrière.
Visualiser, avant de frapper votre coup, l’endroit (en avant du corps) ou le cordage de votre raquette va rentrer en contact avec la balle, va vous aider à trouver un bon plan de frappe.

Choisir sa hauteur de frappe

S’il vous est possible de naviguer sur l’axe des Y pour frapper votre balle, une fois votre distance X1 trouvée, une troisième donnée entre en jeu : la hauteur de balle H.

hauteur du rebond au tennis

hauteur du rebond au tennis ©Vincent Bonnin

Ce troisième schéma vous montre (en jaune) la trajectoire d’une balle moyennement longue. Selon le point où il se place en Y1, Y2 ou Y3, le joueur va pouvoir frapper à deux hauteurs différentes. En Y1, la balle remonte après son rebond et se situe à une hauteur H2. En Y2, la balle atteint le sommet de son rebond et se situe à la hauteur H1. Enfin en Y3, la balle est redescendue pour une nouvelle fois se situer à la hauteur H2.
Vous pouvez donc théoriquement choisir la hauteur à laquelle vous allez frapper la balle. Si vous voulez jouer la balle au sommet de son rebond, il vous faudra impérativement vous situer en Y2. Si vous souhaitez jouer la balle à une hauteur H2, vous aurez le choix entre une prise de balle tôt en Y1 et une prise de balle après le sommet du rebond en Y3.
Vous allez surement me demander alors quel est le moment et la hauteur idéale pour frapper la balle ?
Cela fera, bien sûr, l’objet d’un prochain article. Je vous invite, en attendant, à me faire part de vos habitudes personnelles en termes de moment de frappe dans les commentaires ci-dessous.

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Posté par Vincent

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8 commentaires
  1. Christian de Destresse Marketing 29 avril 2013 at 14 h 39 min - Répondre

    Salut Vincent,

    Heuuu cette fois j’avoue que je laisse ça aux spécialistes.
    déjà que j’étais plus littéraire que matheux à l’école, donc…
    @+
    Christian.

  2. sylviane 2 mai 2013 at 8 h 03 min - Répondre

    Bonjour Vincent

    Un peu trop technique pour moi mais je le relaie parce que beaucoup de fans de tennis vont apprécier

  3. Gras 9 mai 2013 at 9 h 45 min - Répondre

    Article très intéressant permettant une analyse et donc un recul sur son jeu pour essayer de s’améliorer. J’attends la suite!
    Jean-Philippe

    • Vincent Bonnin 19 mai 2013 at 20 h 10 min - Répondre

      Merci Jean Philippe,

      Je sais que cette approche très géométrique ne va pas convenir à tout le monde, mais je suis convaincu quelle va permettre à un grand nombre de mes lecteurs de mieux appréhender ce casse tête qu’est le placement pour les débutants.

  4. JAEG 21 mai 2013 at 8 h 17 min - Répondre

    Bonjour,

    Très bonne analyse et simple à comprendre si on veut s’en donner la peine.
    C’est en effet le principal écueil pour les débutants et les joueurs confirmés, dont je suis, que de se placer trop près de la trajectoire d’arrivée de la balle. Ceci a pour conséquence de faire prendre la balle trop en avant (mon cas) ou trop en arrière : l’équilibre du corps n’est pas établi et le coup n’a pas beaucoup d’efficacité.

    Je vais appliquer vos conseils auprès de mes petits élèves pour qu’ils puissent faire de rapides progrès. Je les fais déjà travailler dans ce sens en leur faisant exécuter des coups droits de décalage pour lesquels le placement est plus facile.

    • Vincent Bonnin 21 mai 2013 at 11 h 22 min - Répondre

      Merci pour ce dernier commentaire,

      C’est par la hiérarchisation des trois données du placement que j’ai réussi à affiner ma position par rapport à la balle. Et comme vous le faites justement remarquer, si on est trop près de la balle latéralement on ne peut que difficilement trouver le bon plan de frappe. Or, une fois la distance latérale correcte trouvée tout s’enchaîne plus facilement car on peut alors frapper la balle correctement à des hauteurs variées.

  5. Frédéric 3 janvier 2014 at 0 h 24 min - Répondre

    Bonjour Vincent, Bonjour à tous,

    Pour ce qui concerne le plan de frappe, j’ai eu un gros problème pendant longtemps en coup droit. En effet, je prenais la balle trop tard et trop près de moi. Trop en arrière également.

    Un jour un entraîneur m’a demandé de me tenir droit devant lui.
    Il m’a dit : tiens toi droit, écarte légèrement les jambes et écarte les bras.
    Il a poussé sur mon bras droit et je suis quasi tombé en arrière.

    Ensuite il m’a dit : tiens toi droit, avance la jambe gauche et tend ton bras à l’horizontale, vers l’avant, et résiste maintenant à la poussée que j’exerce sur ta main, aide toi de ta jambe droite.
    Là, je résistais, et il pouvait pousser de toutes ses forces mais je ne pliais pas.

    C’est dans cette posture-là que le corps, qui prend appui depuis le sol, est le plus à même de transmettre toute son inertie à un projectile qu’on souhaite lancer avec une raquette. Là est naturellement défini le bon plan de frappe.

    Encore une fois, la dépense d’énergie sera faible. C’est ainsi que jouent les pros. Les images de Federer à ce sujet sont saisissantes. Il ne force pas et dépense une toute petite énergie en frappe. Il a misé sur l’inertie de son corps.
    Il s’engage, non dans la balle, mais dans la cible : au travers de la balle. Le tamis s’engage au plus loin vers la cible et l’endroit à jouer, c’est le « drive », la « traversée de balle ». Et il y engage tout son être. Son corps est quasi toujours penché vers l’avant d’ailleurs, regardez bien.
    Son idée est toujours précise et définie, même en jouant instinctivement. Donc sa cible et son intention sont clairs.

    Cette posture est valable pour les autres coups du tennis.
    Il en est de même pour une volée, etc

    L’engagement est essentiel, car sans lui, pas d’information sensorielle exploitable. Engagement = package d’informations sensorielles complet.

    Au fil de frappes engagées, le corps sent venir le bon endroit et le bon plan pour frapper la balle et lui conférer vitesse et effet.

    Quant à la distance de la tête de raquette par rapport à l’axe du corps (distance latérale), c’est facile à comprendre : au plus on est loin de l’axe, au plus la vitesse tangentielle sera grande (pour une même vitesse angulaire). On a donc intérêt à jouer le bras tendu en coup droit, tout comme en revers.

    Pendant mes entraînements je suis constamment à la recherche de ce confort de l’être humain, de cette écologie de l’être.
    En match, j’essaie de m’engager au maximum, en gérant les émotions, le stress, les échecs et les réussites. J’essaie de mettre en place mon jeu à moi, avant de penser à gagner absolument.

    La bonne technique, la bonne gestuelle, c’est l’écologie du corps, j’oserais dire.
    Le relâchement, c’est dédier juste ce qu’il faut à l’action. Pas plus, pas moins.

    Au fil des frappes, à la merci d’une grande rigueur et d’un bon travail physique, avec du relâchement et du détachement, progressivement, on y arrive. Et on y prend un réel plaisir !! Et de la confiance ! Donc on ose plus !
    On peut laisser aller sa créativité, sa nature…

    « Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage, polissez le, repolissez le, … » disait Boileau.

    Mais nous ne sommes pas des pros qui en avons fait le métier. On en a souvent plein la tête !! Et c’est pas si facile une fois sur le terrain !

    Tel est mon témoignage et mon expérience sur ce sujet.

    Je me répète mais votre site est une petite merveille. On s’y sent bien. Encore bravo !!

    Frédéric

    • Vincent Bonnin 3 janvier 2014 at 20 h 04 min - Répondre

      Merci Frédéric pour cette explication qui mériterait presque une vidéo (ce que je ferais peut-être un de ces jours).

      En fait, et contrairement à une idée reçue, il est beaucoup plus simple et naturel de frapper avec un plan de frappe devant soi en revers ou on frappe de profil qu’en coup droit ou termine son geste de face.

      Le travail de correction que tu as fait pour avancer ton plan de frappe je suis précisément en train de le faire en ce moment.

      En ce qui concerne la distance latérale du corps par rapport à la balle, il est clair que si on a le bras trop fléchi c’est qu’on est trop près de la balle. Federer et Nadal les deux meilleurs coups droits du tennis pro mondial le frappent bras tendu est-ce un hasard ?

      Quant à écrire que cette distance latérale doit être maximale, cela dépend selon moi de l’avancé du plan de frappe (plus il est avancé, plus la distance se réduit tout en étant optimale).

      Merci encore pour ta participation, tu es le bienvenu sur mon blog pour des commentaires de cette qualité.

      Vincent

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