Bavarder en match au tennis, bonne ou mauvaise idée ?

Certain joueurs adorent discuter lors des changements de côté tandis que d’autres perdent totalement le fil du match s’il ont le malheur d’échanger quelques mots avec leur adversaire du jour. N’y aurait-il pas parfois une volonté délibérée des premiers pour déconcentrer les seconds ? Je vous décrypte ici les deux profils psychologique en jeu et surtout vous explique comment tirer au mieux partie de la situation selon que vous soyez un bavard ou un mutique. 

Cela a dû peut être déjà vous arriver de perdre le fil du match après avoir pris quelques minutes pour discuter avec votre adversaire au changement de côté. J’ai lu quelques témoignages de joueur à ce sujet et je me suis moi-même à plusieurs reprise dans mon passé de joueur fait remonter au score après que mon adversaire eut initié une conversation lors d’un changement de côté. Le phénomène s’est bizarrement produit alors que je menais 5/1 ou 5/2 dans le set. Mais était-ce réellement un hasard ?

Focalisation interne ou externe ?

Pour mieux comprendre le phénomène il faut savoir qu’il a deux types de joueurs : les joueurs à focalisation interne et les joueurs à focalisation externe.
Le joueurs à focalisation interne a besoin, pour donner la pleine mesure de ses possibilités de rester focalisé sur son tennis entre les points. Ils tentent de rester selon l’expression, dans leur bulle, du début jusqu’à la fin du match.
On peut citer comme exemple de joueur à focalisation interne Roger Federer, Rafael Nadal, David Ferrer. Ces joueurs ont besoin de préparer leur point bien avant que ledit point ne commence.

Le pouvoir de bavarder en match

Les joueurs à focalisation externe ont besoin d’élargir le champ de leur concentration sur ce qui se passe à l’extérieur du court entre les points, pour être à leur meilleur niveau quand le point commence. Ils se focalisent sur le point à jouer uniquement quand celui-ci démarre. Ce sont des joueurs qui plaisantent avec le public, discutent avec l’arbitre ou piquent des colères sans que leur niveau baisse (bien au contraire).
On peut citer parmi les anciennes gloires du circuit pro : Jimmy Connors qui adorait jouer et manipuler le public, John Mac Enroe qui piquait des colères très maîtrisées, André Agassi. Aujourd’hui on peut voir parfois Stan Wawrinka discuter avec l’arbitre au changement de côté tout en pratiquant dans le jeu un tennis extrêmement vif et précis.

bavarder en match, wozniacki

bavarder en match, une arme à double tranchant © Carine06/CC-BY-SA2.0/Flickr

Bavarder en match, la partie immergée de l’iceberg

Pour en revenir au match et à la bataille psychologique que se livrent les joueurs entre eux et contre eux même d’ailleurs. Il arrive fréquemment que le joueur à focalisation externe s’il est mené au cours d’un set se mette à soudainement vouloir discuter avec son adversaire au changement de côté.

La stratégie de communication : retrouver son équilibre psychologique ou déstabiliser l’adversaire ?

La question est alors de savoir si c’est dans le but de revenir à son mode de fonctionnement psychologique pour augmenter son niveau de jeu ou bien pour tenter de faire sortir son adversaire de sa bulle.
Car il est évident que si un joueur à focalisation externe parvient à engager la conversation au changement de côté avec son adversaire qui le mène au score, il a des chances de revenir dans le set si ce dernier est un joueur à focalisation interne.

Ma parade contre les bavards

Je fais partie personnellement des joueurs qui sont clairement à focalisation interne et j’ai très bien compris que si jamais je rentre dans le jeu de la discussion avec mon adversaire, je risque de sortir du match et de perdre les prochains jeux.
Voici donc comment je procède à la première tentative de mon adversaire d’engager la conversation au changement de côté.

rester poli mais ferme

Je lui dis tout simplement d’un ton poli mais ferme (limite glacial) « je ne discute pas pendant mes match. Si tu le veux bien, je serais très content de discuter avec toi mais après la partie ».
Puis je ne discute plus avec lui jusqu’à la fin de la partie.
On utilise souvent pour représenter l’état d’esprit du compétiteur l’image d’un fauve qui défend son territoire. Dans ce cas précis mon territoire, c’est ma bulle de concentration. Si mon adversaire veut rentrer dans ma bulle en tentant de me distraire, je sors les dents, poliment mais fermement.
Et généralement, mes adversaires comprennent très bien où je veux en venir.

Adapter sa stratégie à son profil de jeu

Essayez de bien comprendre comment vous fonctionnez en match au niveau de la concentration et adaptez votre comportement en conséquence.
Si jamais vous êtes comme moi un joueur à focalisation interne. Stoppez immédiatement toute tentative de votre adversaire de vouloir discuter avec vous.
Si jamais vous êtes un joueur à vocation externe vous pouvez toujours essayer de faire sortir votre adversaire de sa bulle (après tout c’est à lui de savoir rester dedans). Sachez quand même que ce genre de stratégie psychologique est moins efficace passé un certain niveau et qu’il ne faut pas oublier que vous êtes sur le court avant tout pour jouer au tennis.

Racontez-moi vos expériences et posez-moi vos questions dans les commentaires.

Bibliographie : Pensez comme un champion par Jean-Philippe Vaillant

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Crédit image mise en avant Claro Rio Open sous licence Creative Common

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Posté par Vincent

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5 commentaires
  1. Cindy Laplace Préparatrice Mentale 16 septembre 2015 at 18 h 21 min - Répondre

    Bonjour,
    article très intéressant avec des choses simples à mettre en place, il existe heureusement plusieurs profils, vous pouvez être entre deux, ce n’est pas grave, juste à ce moment là il faut savoir ce dont VOUS avez besoin ?
    Avez vous besoin de vous détendre et du coup vous pouvez parler de la pluie et du beau temps?
    Ou alors à ce moment là vous avez besoin de réfléchir à une tactique et ainsi répondre poliment que vous ne souhaitez pas parler, ou même ne pas répondre.
    Une autre piste, mettez en place des routines qui vous permettrons d’être concentrer à la reprise du match !

    Je rejoins totalement cet article sur un court on est là pour jouer !

    • Vincent Bonnin 16 septembre 2015 at 21 h 03 min - Répondre

      Merci Cindy pour ces précisions utiles (et pour les pistes de travail), il est en effet possible de se situer entre les deux profils que je mentionne dans la vidéo.

  2. Fab 17 septembre 2015 at 8 h 36 min - Répondre

    Bonjour Vincent,
    Il est effectivement utile de clarifier le profil psychologique des joueurs afin de savoir dans quel stéréotype on se situe pour mieux se connaitre, mieux gérer ses émotions et mieux contrôler son stress en match. Il est vrai que parmi toutes les causes de déconcentration, d’agacement, d’énervement, l’attitude de l’adversaire est ce qui est le plus récurrent même quand il ne nous parle pas directement. Le « combat » avec l’autre exacerbe les émotions et les petits écart de comportement. Cela montre que l’on porte son attention trop sur l’autre en tant que personne et pas assez sur l’autre en tant que joueur avec ses qualités et ses faiblesses.
    Bon tennis

    • Vincent Bonnin 17 septembre 2015 at 21 h 01 min - Répondre

      Merci Fab pour ta participation,

      Je pense que l’on peut porter son attention sur l’autre en tant que personne dans le but de mieux décoder son jeu. Le jeu et la personne sont souvent lié.
      Le tout est de savoir alors intellectualiser son analyse et ne pas se laisser dépasser par les émotions que peuvent provoquer certains comportements.
      J’ai personnellement décidé qu’aucun adversaire ne me gâcherait mon plaisir de faire un match. C’est de l’auto-suggestion, certes, mais jusqu’à présent ça marche.

      Vincent

  3. Laurent 17 septembre 2015 at 11 h 18 min - Répondre

    Bonjour Vincent

    Je suis un « interne » et je procède exactement comme tu le décris (ton ferme voir un chouilla glacial pour remettre à plus la discussion…)… et ça n’empêche pas de bien discuter… mais après le match.

    Au plaisir

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